mercredi 2 mars 2016

Les tranchées enneigées

Ermanno Olmi n’est pas le réalisateur italien le plus connu en France, il a cependant à son palmarès, une Palme d’or en 78 et un Lion d’or en 88. Aujourd’hui, il nous présente «  les Prés refleuriront », film qui semble ne pas avoir de distributeur en France dans la mesure où il n’est projeté que dans des festivals, ou comme aux Carmes, en projection unique.

Pourtant, sa première projection, en novembre 2014, eut lieu en présence du Président de la République italienne et des plus hautes autorités de l’État. Il a obtenu en 2015 plusieurs prix dans des festivals italiens. Mais il reste confidentiel chez nous.

Tiré de faits réels, il relate l’hiver 1917 quand la guerre faisait rage entre Italiens et Autrichiens sur le plateau d’Asagio, situé dans les Alpes du sud italiennes. Hemingway y sera blessé et le frère de Vera Brittain y trouvera la mort (rappelons-nous « Mémoires de Jeunesse », film sorti en 2015).

Nous sommes dans les tranchées italiennes, la nuit, par un grand clair de lune. Un chant s’élève, majestueux. La neige tombe depuis des semaines. Un mélèze décharné, trône dans le no man’s land. Seul, un renard passe. La grippe espagnole fait ses ravages. Un ordre du commandement parvient, absurde, envoyant à une mort inutile, un jeune soldat qu’on a béni auparavant. Un autre préfère se suicider. Des fusées éclairantes sillonnent le ciel, avant qu’un déluge de feu ne s’abatte sur la tranchée italienne.

Olmi filme dans la pénombre, les couleurs sont rares, à part le ciel d’un bleu de nuit sur lequel se détachent les lignes de crêtes enneigées. Que faire, quand on n’attend plus rien de la vie, qu’on pense à sa femme, ses enfants qu’on ne reverra peut-être pas ? On discourt sur Dieu, sur le pardon, sur la folie des hommes.

In fine, des vidéos d’archives sont projetées, pour clore ce réquisitoire contre la guerre, que personne ne gagne, sauf les industriels comme disait Anatole France, mais que l’humanité perd à chaque fois, s’enfonçant toujours plus dans d’indicibles horreurs.

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