J’étais à Bastille, samedi soir, pour Il Trovatore (Le Trouvère), opéra de Verdi, composé en 1853.
L’argument fait froid dans le dos : une gitane, pour venger sa mère conduite au bûcher, pousse un comte à assassiner son propre frère déguisé en Trouvère, afin d’épouser la belle Leonora, laquelle s’empoisonne pour rester fidèle à celui qu’elle aime.
La mise en scène d’Alex Ollé et les décors sont honnêtes sans plus, juste ce qu’il faut pour que le public réac de Paris ne se mette pas à crier. Car il en va ainsi à Bastille, comme ailleurs. Près d’une vingtaine de blocs montent dans les cintres et descendent sous la scène, à volonté, créant tantôt un cimetière, ou une prison, ou un désert, ou un labyrinthe. Il paraît qu’on est transposé en plein cœur de la 1ère guerre mondiale. Je veux bien ! L’orchestre de l’Opéra de Paris, dirigé par Daniele Callegari m’a semblé impeccable.
Mention très spéciale pour les choristes de l’ONP, avec à leur tête l’argentin José Luis Basso, nommé en 2014, qui ont interprété les chœurs des Gitans de la meilleure façon. Un régal !
Dans le rôle du Comte, le baryton français Ludovic Tézier a su faire admirer sa voix profonde et fut très applaudi, tout comme le ténor argentin Marcelo Alvarez dans celui du Trouvère.
La soprane chinoise, Hui He, tenant le rôle de Leonora, a été bonne, sans fausse note cette fois-ci, mais sa voix manque par trop de chaleur, me semble-t-il.
Et celle qui a gagné à l’applaudimètre fut sans contestation, la mezzo Luciana d’Intino dans le rôle de la Gitane, dont c’était la première samedi à Bastille, du moins dans cette série, qui fit montre d’une très belle descente dans les graves.
Ceci dit, ne pas vouloir se ruiner vous condamne à une place au deuxième balcon, ce qui à Bastille, vous éloigne tellement du surtitrage, qu’avec mes yeux qui ne sont plus ceux d’un jeune homme, je ne pouvais lire. Heureusement que je connaissais l’argument !
Excellente soirée parisienne donc, terminée par une scène d’un registre dramatique total où le comte tue son frère et la gitane, laquelle venait de lui révéler la vérité en s’écriant : » Tu es vengée, ô ma mère ! », dans un déluge de timbales et d’applaudissements.
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