mardi 29 mars 2016

Humour et lutte des classes

Documentaire du mois, et peut-être de l’année, le « Merci Patron ! » de François Ruffin renverse tout sur son passage.

La France possède cette particularité, celle de voir ses sportifs remporter des victoires quand ils ne sont pas favoris.
A ma droite, Bernard Arnault, PDG de LVMH (industrie du luxe), milliardaire en euros, une des 10 plus grandes fortunes du monde.
A ma gauche, la famille Klur, vivant du RSA, surendettée, le père licencié naguère par une des filiales de LVMH délocalisée quelque part en Europe de l’Est, et qui à la question : « Mais comment faites-vous pour manger chaque jour ? » répond : « On mange pas ! ». Famille vivant dans le nord de la France, le père possède un sacré accent ch'ti, sa femme n’a jamais vu la mer.

A priori, match déséquilibré ! David contre Goliath, en pire même ! et pourtant…
La famille Klur reçoit un renfort de poids, en l’occurrence le journal Fakir et son rédacteur en chef, François Ruffin, lequel propose d’arnaquer le bon PDG en le menaçant de venir troubler la prochaine Assemblée Générale des actionnaires, ce qui a, dans un passé récent, été une action coutumière de Fakir. Et de réclamer en compensation de son licenciement et de l’état de misère dans laquelle LVMH a jeté cette famille, un chèque  afin de rembourser les dettes du couple.

Et ça va marcher. La famille reçoit la visite d’un négociateur qui lui propose, ni plus ni moins, que d’éponger les dettes, avec un emploi à la clé chez Carrefour ! Sorte de mi-barbouze, mi homme à tout faire, cet envoyé spécial de LVMH, dans un langage, on dira très populaire, est chargé d’étouffer l’affaire de ces délocalisations pour augmenter les profits des actionnaires. Car tout est filmé en caméra cachée, voire seulement enregistrée quand la batterie de la caméra tombe en panne.

Le tout avec un humour dévastateur, car François Ruffin est un joyeux farceur. On sort de la salle, heureux du bon tour joué au groupe LVMH, à tel point que, chose rarissime, la salle a applaudi à la fin du film.

Alors, on pourra objecter avec raison, que le tour pendable a permis de sortir une famille de la misère, et une seule, alors que l’action syndicale vise à satisfaire les revendications de tous. Mais c’est un documentaire formidable, parce qu’il redonne espoir, qu’il donne la pêche à tous ceux qui trament dur, qui gagnent peu, et parce qu’il montre que ces milliardaires sont finalement « tigres de papier » pourvu que tout le monde s’unisse.

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