En 1968, Truffaut tourne « la Mariée était en noir », en confiant à l’une de ses actrices fétiches, Jeanne Moreau, le rôle principal, celui de la mariée précisément, six ans après « Jules et Jim ».
A la sortie d’une église où un mariage vient d’être célébré, le marié est abattu d’une balle. Son épouse retrouve les assassins de son mari et les occit tous les cinq. Tel est le scénario tiré d’un roman.
Outre que le film fait l’apologie de la vengeance personnelle préférée à la justice d’un tribunal, ce qui pose problème d’autant plus qu’on découvre que le meurtre est accidentel, on peut estimer qu’il a mal vieilli (même s’il est passé par les laboratoires qui l’ont remis à neuf), dans la mesure où le tombereau d’invraisemblances qui émaillent le film, ne passerait plus aujourd’hui. Il vaut donc mieux glisser sur les bizarreries et s’en tenir à ce qui fait la force du film de Truffaut.
Cinq meurtres, tous différents, le quatrième étant de loin le plus extraordinaire ! La mariée se fait passer pour un modèle que recherche un artiste peintre. Ce dernier réalise alors plusieurs portraits, dont une scène où Diane chasseresse tient un arc et un carquois, ce qui deviendra l’arme du crime. Le visage de la meurtrière, nue, peint sur le mur de la chambre par la victime, défie l’imagination des plus grands scénaristes !
Ajoutons un empoisonnement, un étouffement dans un réduit, une chute d’un très haut balcon, et in fine un meurtre au couteau de cuisine, telle est la panoplie de la meurtrière, laquelle drague sans complexe ses futures victimes afin de venger la mort de celui qu’elle a aimé. On nous dit que Truffaut voulait réaliser un film d’amour sans scène érotique. Je veux bien, quoique cela n’apparaisse nullement ici, m’a-t-il semblé !
Jeanne Moreau, au bronzage absolument parfait, au visage de glace, tient encore un rôle à sa mesure, faisant presque passer le reste du casting pour peu de choses, et Truffaut n’avait pas lésiné : Michel Bouquet, Jean-Claude Brialy, Michael Lonsdale, Charles Denner, Claude Rich, excusez du peu !
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