Jérôme Deschamps (Patrice de Maistre) et Didier Flamand (François-Marie Bannier) |
Théâtre moderne, ouvert en 1988 en lieu et place du théâtre de l’Est Parisien, situé tout près de la place Gambetta dans le XXème, il est dédié aux écritures théâtrales contemporaines, tant par les textes que par la mise en scène. On n’y verra donc aucun classique. Il comprend deux salles (750 et 200 places à très bonne visibilité du moins pour la grande salle où j’étais).
La famille Bettencourt a défrayé la chronique judiciaire et politique ces dernières années, par les scandales à répétition dont elle a fait l’objet. En quelques mots, Liliane est à la tête d’une fortune colossale, celle de l’Oréal (ça se compte en milliards d’euros) ; elle est sous l’emprise morale de personnages vivant de ses dons généreux (on compte là en millions), en conflit avec sa fille qui voit se dilapider une partie de cette fortune, fortune où viennent puiser certains responsables du parti de la Droite française, entre autres le Maire de Chantilly, ci-devant Ministre des Finances ou Député, c’est selon, et Président du 1er cercle des donateurs de l’UMP. A savoir Éric Woerth, mais Sarkozy rôde aussi.
Michel Vinaver retrace l’histoire de cette famille, à commencer par les aïeuls, lesquels en 1943, quand l’un, rabbin, partait vers Auschwitz, l’autre forniquait avec les nazis (il fut absous à la Libération, personne n’a jamais compris par quel tour de passe-passe, il a pu obtenir des témoignages le disculpant). C’est ainsi que l’Oréal a pris son essor !
Mais bien évidemment, la pièce parle de l’histoire récente et ses scandales.
Une multitude de chaises en bois blanc (non, Ionesco n’est pas là) occupent le plateau, des cloisons mobiles descendent des cintres ou coulissent sur la scène, la partageant au gré des situations.
Il y a là des personnages pittoresques, voire clownesques, tel celui du gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre, interprété par Jérôme Deschamps, à la voix toute gaullienne, formidable de drôlerie ; ainsi que celui d’Éric Woerth, sous les traits d’un Clément Morinière, dont, pour reprendre un terme chorégraphique, le pas de deux avec son épouse, vaut son pesant d’or.
Sans oublier le chroniqueur, Clément Carabédian, qui présente les personnages, les interviewe parfois, et conclut une affaire qui, les indices étant concordant, a été classée sans suite par la justice, par manque de preuve.
Chose rare, mais agréable, le texte pourtant en français, est sur titré, ce qui permet aux spectateurs de vérifier des propos mal compris (à condition bien sûr de n’être pas trop près de la scène).
Certes, mettre en écriture une telle famille, et mettre en scène, n’est pas chose aisée. Surtout quand on veut aussi éviter tout procès en diffamation. On ne peut donc s’écarter des faits réels et prouvés. Peut-être l’ensemble aurait mérité un peu plus de bouffonnerie, après tout, le monde étant un immense théâtre, pourrait-on avoir tous les droits en matière de mise en scène, sans doute un peu trop réservée, un peu trop plate par moments,de la part de Schiaretti. Lequel aurait pu demander à certains de ses acteurs de s’éclater vraiment, ce qui ne m’a pas semblé toujours le cas.
Néanmoins, un grand moment théâtral à savourer goulument.
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