dimanche 7 février 2016

Huis clos familial sur fond de différence

Préjudice est le premier long métrage du réalisateur belge Antoine Cuypers.

Quelque part, dans une demeure plus que bourgeoise, une forêt privée jouxtant le jardin, vit là une famille. Le père (Arno, mais il n’est pas là pour pousser la chansonnette), fatigué sans doute par tant d’années de souffrance ; la mère, Nathalie Baye, celle qui dirige la maisonnée et sans qui rien ne se décide ; et trois enfants.
Il y a d’abord Caroline, dite Caro (Ariane Labed fabuleuse, je dirais comme d’habitude, une des meilleures actrices françaises aujourd’hui), qui est venue annoncer à la famille qu’elle est enceinte. Le père du futur est là aussi, mais ne faisant pas partie de la famille…
Il y a ensuite Laurent, le fils aîné, qui n’est pas là, on l’attend et n’apparaîtra qu’à la fin. Seule sa compagne est présente ainsi que leur fils.
Enfin, il y a Cédric, le petit dernier (il a néanmoins trente ans), celui qui n’était pas désiré et on le lui a bien fait comprendre, celui qui ne va pas bien (est-il autiste ? ou schizophrène ? ou autre, on ne sait…), celui qui n’a qu’un rêve, partir en Autriche, peut-être avec son père, ou seul, et qui connaît tout de ce pays. A-t-il appris par cœur Wikipedia et tous les guides touristiques ?

Toujours est-il que le climat de tension instauré par l’annonce de la prochaine maternité de la sœur, va aller crescendo tout au long de la soirée, au cours du repas qui finalement aura lieu plus tard, dans ce huis clos familial.
Le film est truffé de codes à décrypter pour le spectateur, chaque personnage ayant son identité propre et réagissant face au « cas Cédric », à sa façon. Les dernières images en disent très long sur la mentalité familiale, où la mère semble vouée à s’auto flageller pour avoir mis au monde un être, qui jette à la face des convives, sa différence (mais nous sommes tous différents, leur dit-il) devant des regards médusés.

On ne peut terminer sans saluer l’interprétation magistrale de Thomas Blanchard en Cédric : suivez ses yeux, c’est un régal cinématographique !

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