La pièce de Guy Helminger, « Venezuela » était présentée à la Tête Noire de Saran, dans une mise en scène de Patrice Douchet.
Chacun connaît le « surf », cette planche recourbée vers l’avant qui permet d’affronter les vagues qui déferlent. Naguère, on parlait aussi du « surf des neiges », avant qu’une autre vague, de bêtises celle-là, n’abandonne cette jolie expression au profit d’une monstruosité anglophone.
Quant au surf des trains, il s’agit d’une activité pratiquée peu ou pas en France, mais plus en Allemagne et en Russie, consistant à s’accrocher aux trains, ou carrément monter sur le toit, entre deux stations, tout en se filmant, cela va de soi, pour bien montrer à la communauté du web, ce qu’on est capable de faire. Folie qui doit provoquer un maximum d’adrénaline, à force de côtoyer la mort, jusqu’à la funeste rencontre.
Helminger met en scène cinq ados, d’âge inégal, lesquels viennent de perdre un des leurs, broyé par la vitesse. Quatre d’entre eux, les plus âgés, décident de cacher la triste nouvelle au cinquième, le plus jeune, en lui faisant croire qu’il a choisi de partir au Venezuela, sorte de paradis pour surfeur des trains, où l’on prend sa retraite à 17 ans. Dès lors, le petit groupe se crée un rêve fou, imaginant leur vie future dans cet eldorado, dont ils savent à peine où se situe ce pays. Sorte de métaphore de la vie des cités où le rêve se noie souvent dans la drogue, à défaut du Venezuela, chez des jeunes loin d’être niais, à l’image du plus jeune, qui avouera connaître la vérité dès le début, au grand étonnement de ses copains.
A droite, un amoncellement de vieux pneus, au centre une non moins vieille mobylette. C’est dans ce décor que les cinq jeunes, tous et toutes excellents acteurs (on pourrait penser que Patrice Douchet est allé les chercher dans un coin perdu de banlieue, tant leur jeu est criant de vérité), déploient leur imaginaire, dans une langue, à la fois jeune, mais pas celle des cités, et non dénuée de richesse.
Dès le début, une vidéo projetée sur le mur du fond nous indique de quoi on parle, à savoir le surf des trains. La mise en scène est ensuite parsemée de danse hip hop sur une musique de Rone, danse dont raffolent manifestement les jeunes sur scène. Le tout est formidablement enlevé, sans temps mort, c’est de l’excellent travail théâtral, n’en doutons pas !
Souhaitons au spectacle de connaître une riche tournée, les acteurs le méritent !
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