Gilles Bannier nous propose « Arrêtez-moi là », film policier dans lequel la machine policière et judiciaire broie la vie d’un paisible citoyen qui ne demandait qu’à vivre et à rendre service.
Samson Cazalet est chauffeur de taxi du côté de Grasse. Il a une copine avec laquelle il couche (quoi de plus normal), mais ne s’est encore pas décidé à accepter la vie commune malgré l’insistance de sa chérie. Un beau jour, interpellé chez lui par deux policiers, il se retrouve accusé d’enlèvement d’une petite fille, de meurtre et est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Si Gilles Bannier a su rendre crédible le système judiciaire (arrestation, garde à vue, incarcération, passage dans le bureau du juge, procès aux Assises), son film met en scène des personnages du « système » qui ne sont que des caricatures : flics bien peu scrupuleux, juge d’instruction quasi transparente, avocat à peu près nul, procureur et Président de la cour peu enclins à chercher la vérité. Tout cela est bien dommage. Voilà un homme condamné à perpet’ sur de simples et très fines présomptions, sans que cela n’émeuve, ni les journalistes (où sont-ils ?), ni le barreau… Bien sûr, on pense au « pull-over rouge » à ceci près qu’il y avait un cadavre et des aveux. Là, rien !
Et comme il faut bien que le spectateur ne sorte pas scandalisé de la salle (ici, on est dans le cinéma français, faudrait quand même pas pousser), on sombre carrément, sitôt le verdict rendu, dans l’invraisemblable, jusqu’au happy end.
Alors me direz-vous, que faut-il sauver de ce long métrage ?
D’abord, la remarquable interprétation du rôle de Samson par Reda Kateb. L’acteur a créé un personnage qui passe de l’incompréhension à la rébellion contre l’injustice, puis à l’effondrement, avant les scènes de cauchemars à l’issue de son incarcération, et au réapprentissage de la liberté. Très beau rôle tenu par cet acteur qui ne semble pas avoir fini de nous surprendre.
C’est bien filmé, notamment dans une prison toute neuve, bien interprété par l’ensemble du casting (à retenir le visage décomposé de Léa Drucker pendant le procès), le suspense tient le spectateur éveillé. Mais à part ça…
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