Le fils de Saul, du hongrois László Nemes, a obtenu le Grand Prix au dernier festival de Cannes, Palme d’or déguisée dans la mesure où le Jury se sent obligé d’attribuer la Palme à un film à fortes recettes budgétaires, catégorie dans laquelle Le Fils de Saul ne peut concourir.
Nous sommes à Auschwitz, les Soviétiques approchent de Cracovie en Pologne, les derniers mois du IIIème Reich sont comptés. Saul fait partie de ceux qui sont désignés pour accomplir la plus basse des besognes : aider les nazis dans la « solution finale », contre quelques mois de survie supplémentaires. Un jour, il croit découvrir son fils mort parmi les cadavres. Dès lors, il n’aura de cesse de trouver un rabbin afin d’enterrer son fils supposé, selon le rite hébraïque.
Saul est filmé la plupart du temps, de face ou de dos, et de très près, caméra à l’épaule, ce qui « floute » l’arrière plan, à savoir ceux qui sont poussés vers les chambres à gaz, ou qui en sortent à l’état de cadavres. Tout n’est que cris, hurlements, coups de feu, fracas, entrecoupés par quelques moments de silences brefs, comme pour interroger le spectateur, le faire se « réveiller » devant la monstruosité du régime nazi et la Shoah.
In fine, Saul esquissera un grand sourire devant un enfant blond, symbole de renaissance après le chaos.
On ne peut s’empêcher de penser que cette barbarie humaine, se perpétue sur le globe, ici ou là, au nom du Pouvoir, du fric, de la race ou de la religion.
Formidable mise en scène du réalisateur hongrois, rôle prodigieux, dantesque même, interprété par Géza Röhrig, omniprésent tout le long du film. Film politique, au sens noble du terme. On en sort pétrifié, certes. Mais c’est un film réaliste, qui ne triche pas avec la vraie nature humaine qui peut atteindre le tréfonds de l’horreur, et cela, il faut que chacun en ait bien conscience.
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