Meurtre philosophique

L’homme irrationnel, dernier film de Woody Allen, avant le prochain, est une sorte de thriller psychologique, mais aussi philosophique puisque la question entre le bien et le mal est crûment posée.

Un prof de philo débarque dans une université US, précédé d’une solide réputation : à la fois prof remarquable, écrivain publié dont les livres se sont arrachés, mais aussi tombeur du sexe dit faible, quoique Joaquin Phoenix arbore une brioche qui, sans doute, plaît aux dames.
Dans une première partie du film, Allen nous cite Kant, Sartre, Heidegger… A tel point qu’on se demande bien à quel moment les paupières vont tomber pour de bon. Voilà un prof qui ne semble plus croire en rien, qui joue à la roulette russe, qui ne bande plus (une de ses collègues a pourtant tout tenté, en vain), qui n’a donc plus d’objectif dans sa vie.

Quand, le hasard faisant bien les choses, il surprend dans un café une conversation qui va le décider à « agir », à savoir envoyer ad patres un juge qui s’apprête à priver une femme de ses enfants. Voilà le mal, pense-t-il, persuadé alors d’incarner le bien, le redresseur de torts, et ainsi d’avoir un vrai but dans sa vie. Le crime parfait existe-t-il, version Woody Allen ? D’autant qu’une étudiante (superbe Emma Stone) largue son fiancé pour plonger dans le lit de son prof.

On peut voir dans ce film, allusion faite à la politique étrangère des US, pays qui de tout temps s’est arrogé le droit de liquider qui lui déplaisait sur la planète, au nom du bien contre le mal. Il est bien possible que la métaphore provienne de mon imagination, et qu’il ne faille rien voir de plus que ce que nous dit Allen.
La fin est un peu convenue et attendue, le bon Woody nous mijotant un happy end pour surtout ne point choquer. Film qui, si vous n’avez pas sombré dans les délices du sommeil durant les vingt premières minutes, vous tient en haleine avec une intrigue somme toute délicieuse, et grâce à deux excellentes actrices, Emma Stone donc, et la collègue du prof, Parker Posey. Quant à Phoenix, bof !