L'envers de Dheepan

Asphalte, du réalisateur Samuel Benchetrit, est un film d’une infinie tendresse, plein d’humour et de poésie.
Dans une cité dévastée, où les fuites d’eau sous les éviers sont monnaie courante, les ascenseurs en panne, où l’humidité envahit les appartements, vont se former trois couples, pas ceux de la Manif pour tous, mais des couples liés par une amitié naissante, qui sera forcément brève, entre des gens sympas, bons, pour certains un peu paumés, voir sans issue autre que la vie dans leur quartier sans avenir social.

Tout d’abord, un brave homme qui refuse de payer pour qu’on répare l’ascenseur (la réunion des locataires à ce sujet est des plus réalistes), mais qui en aura bien besoin ensuite, cloué dans un fauteuil roulant, trouvera derrière un hôpital, une infirmière, presque aussi paumée que lui, et venue tirer sa clope lors de la pause nocturne… Valeria Bruni-Tedeschi distille par petites touches, un côté infiniment touchant.

Puis, un jeune, qui se déplace à vélo et qui ne doit pas faire grand-chose d’autre, découvre, dans l’appartement d’en face, une nouvelle venue : une actrice sur le retour, qui voudrait bien renouer avec le théâtre et qui ne semble boire que de la vodka… Magnifique Isabelle Huppert dans ce rôle tout en retenue.

Enfin, un astronaute US atterrit par hasard sur le toit de l’immeuble dans un vaisseau, devant deux jeunes du quartier, totalement désoeuvrés, et qui ne semblent plus s’étonner de rien. Cet astronaute trouvera refuge chez une brave femme d’origine maghrébine qui aime bien faire du couscous.

Dans ce quartier déshérité, on est loin de Dheepan et sa violence exacerbée. Ici, le calme règne à défaut de travail, on est en paix, même si la porte arrière d’un conteneur benne à ordure fait entendre sa chanson à intervalles réguliers. La peinture qu’en fait Benchetrit est des plus rafraîchissante !