mardi 28 juillet 2015

Un thriller post-franquiste

La Isla Minima, du réalisateur espagnol Alberto Rodriguez, est un « Thriller » qui prend littéralement aux tripes et qui ne laisse pas un instant de répit au spectateur. Il a raflé cette année la bagatelle de 10 Goyas, l’équivalent de nos Césars. C’est dire…

Nous sommes en 1980, Franco est mort 5 ans auparavant, autant dire que des régions entières vivent encore dans la nostalgie franquiste, notamment dans les campagnes.
Deux flics sont envoyés dans un village d’Andalousie, où il n’y a pas d’espoir pour les jeunes qui ne rêvent que d’une chose, quitter la région et découvrir la ville. Ils sont chargés d’enquêter sur la disparition de deux adolescentes. En fait, derrière l’enquête, et ne cachons pas la suite, la recherche de l’assassin, transparaissent les rapports entre les deux policiers :

•    l’un, ancien tortionnaire du régime franquiste, ayant de nombreux meurtres de démocrates sur la conscience, mais semblant avoir rayé de sa mémoire son passé sanguinaire ; quoiqu’à plusieurs reprises, ses méthodes, on dira musclées, montrent qu’il n’a rien perdu de ses sales pratiques. C’est l’exemple typique des « recasés », qui parviennent avec la complicité des nouveaux dirigeants, a se refaire une virginité dans l’après dictature, afin de servir le nouveau pouvoir, de surveiller les vrais démocrates, et nous dira-t-on, puisqu’ils connaissent très bien leur métier, autant ne pas les rejeter et les intégrer dans la nouvelle société !

•    l’autre, jeune encore (sa femme va bientôt accoucher), avec bien moins d’expérience dans la police (et pour cause), s’interroge sur les pratiques de son collègue, jusqu’à ce qu’il découvre son passé.

Raúl Arévalo Zorzo, le jeune flic, montre un visage froid face à son aîné, glacial même. Pour lui, le franquisme fut une horreur et tout signe de nostalgie franquiste doit disparaître. Alors, quand il apprend le passé abominable de son collègue qui vient de lui sauver la vie, il demeure pétrifié. Les contradictions sont parfois insurmontables dans la vie.
Le meilleur rôle est évidemment celui de l’autre flic, tenu à merveille par Javier Gutiérrez, lequel s’en donne à cœur joie dans ce personnage double face.

Les paysages filmés par Alex Catalan, le directeur de la photographie, montrent une Andalousie, tantôt désertique, tantôt baignée par le Guadalquivir, dont les méandres et les marécages vus du ciel, offrent des images grandioses, mystérieuses. Le fleuve n’est pas rectiligne, le passé de l’Espagne non plus !

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