
Ce lac, tout en longueur, se situe au nord-ouest de la Russie, en Carélie, non loin de la Finlande. Pays de lacs et de forêts, la Carélie a un accès sur la mer Blanche, et au-delà, la mer de Barents.
Donc, imaginez quelques isbas au bord du lac. Vit là un facteur qui va chercher en barque à moteur le courrier à la ville voisine ; il en profite pour rapporter ce dont ont besoin les villageois. Il y a aussi une femme, encore jeune, sans l’être tout à fait, blonde, avec un enfant d’une dizaine d’années, sacrément comédien au sens artistique (excellent acteur le môme, quand le facteur l’emmène en barque voir une sorcière ou un animal féerique, on ne sait…), et quelques autres, dont certains passent le plus clair de leur temps devant la vodka ou la télé, et les plus valides pêchant le poisson.
Notre facteur, célibataire, voudrait bien gagner le cœur de la jolie blonde, mais lorsque celle-ci décide de partir à la ville, au grand dam de son fils, voilà un espoir déçu. Et quand on lui vole le moteur de son embarcation, c’en est trop pour lui. Le voilà sans avenir dans le village, où on n’a rien à faire.
Kontchalovski insiste lourdement sur la répétition des gestes quotidiens, sur l’absence d’avenir pour ce village et ses quelques habitants, en nous proposant quasiment une étude presque sociologique de quelques uns d’entre eux, tel ce vieil alcoolique que l’on découvre d’abord de dos, à la démarche claudicante, qui oublie d’éteindre sa télé…
Enfin, cette base militaire russe, tout près, où règne un général qui, ne lésinant sur rien, utilise un hélico, et pas n’importe quoi, équipé de missiles m’a-t-il semblé, pour se ravitailler en poisson auprès des villageois. In fine, une fusée décolle, pas le genre à ravitailler l’ISS. Métaphore assurément ! Pour opposer stagnation du village et progrès ? ou plutôt afin de dénoncer, et la mort programmé du village de pêcheurs, et la folie guerrière des dirigeants politiques !
Assurément, ce film regorge de nostalgie, tel ce bâtiment en ruines qui abritait autrefois la vie sociale du village, ou cet air cher aux communistes russes que l’on entend comme ça, sans prendre garde.
Kontchalovski, après avoir fui l’Union Soviétique, semble être nostalgique d’une époque où chacun vivait selon son travail. Aujourd’hui, chacun survit, même avec une bonne retraite, nous dit l’un des villageois. Mais quand on n’a rien à dépenser… Reste la télé, et la téléréalité ! ou Lelouch, ou Shakespeare, pour les plus cultivés. Il en reste quelques uns, là-bas, mais pour combien de temps, semble s’interroger Kontchalovski.
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