Days of Nothing, était présenté par l’ATAO au Théâtre d’Orléans (1), dans une mise en scène de Matthieu Roy, le texte étant dû à Fabrice Melquiot.
Une salle de classe, un bureau, des tables, des chaises. Au fond, derrière les vitres, des collégiens passent dans la cour, des HLM en arrière plan.
L’histoire est assez simple : un écrivain, Rémi, se trouve en résidence dans un collège afin d’écrire un roman. Il y rencontre successivement deux élèves, un garçon et une fille en classe de troisième.
D’abord, Max, le garçon. La rencontre est explosive, le collégien maniant l’insulte à tour de bras. Puis, peu à peu, il va révéler sa propre personnalité, « avide de littérature » dira-t-il. On assiste alors à un renversement des rôles, l’écrivain prenant la place du collégien dans son discours repoussoir, et inversement, Max devenant celui qui manie un langage « respectable », celui qui pense. Fin de la première semaine.
Un mois plus tard, retour de Rémi au collège. Il y apprend le suicide de Max. Métaphore évidemment. En fait, la rencontre n’a pas eu lieu entre Rémi et Max, ils ne se sont point parlés puisqu’à aucun moment, ils n’ont pu dialoguer, chacun se positionnant en opposition à l’autre.
Deuxième rencontre avec Alix, qui tient à son X. Alix était, ou du moins le dit-elle, la petite amie de Max, la fille du proviseur aussi. Les échanges sont plus apaisés, on utilise les textos pour communiquer. In fine, Alix obtiendra de Rémi que son roman décrive les relations entre Max et elle-même. Mais qui est-elle vraiment ? Comme Max, difficile de savoir entre des personnalités qui se construisent à cet âge, qui oscillent entre différents choix, rejetant l’adulte tout en voulant l’être au plus tôt.
Philippe Canales, dans le rôle de Rémi, est excellent. Face aux deux collégiens, il sait se faire tantôt conciliant, tantôt provocateur, pas un instant de faiblesse n’est perçu durant l’heure pendant laquelle il occupe la scène.
Mais celle qui m’a le plus impressionné, c’est Hélène Chevallier qui tient les deux rôles de collégiens, Max le garçon et Alix la fille. Son discours jeté à la face de l’écrivain, dans un débit ultra rapide, mais néanmoins tout à fait clair, relève de la prouesse, surtout lorsqu’elle adopte le ton du garçon, aux différentes intonations. C’est du grand art !
(1) L’ATAO propose des spectacles de théâtre depuis 40 ans au Carré St Vincent. Par décision de la municipalité d’Orléans, elle en est chassée et devra à l’avenir se réfugier à la salle Gérard-Philipe à la Source, avec une subvention réduite de moitié. La présence de plus d’une centaine de lycéens dans la salle, lors de ce qui pourrait être son dernier spectacle dans ces superbes locaux du boulevard Pierre Ségelle, montre que le théâtre de création est une pierre essentielle du « Vivre ensemble », et reste un art majeur dans notre société. Encore faudrait-il avoir les yeux ouverts !
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