Phoenix, du réalisateur allemand Christian Petzold, revient sur les déchirements qui ont accompagné la défaite du nazisme en Allemagne (de l’ouest ici), et l’impossibilité de continuer la vie comme si rien ne s’était passé pendant 10 ans.
Une femme, jeune, revient des camps de la mort, et cherche à retrouver son mari. Le visage défiguré, passé par la chirurgie esthétique, elle pense avoir recouvré les traits qui étaient naguère les siens. Mais face à son ancien mari, ce dernier ne la reconnaît pas, ou du moins, ressemblance aidant, il tente de la faire passer pour son ancienne femme afin de faire main basse sur sa fortune.
L’histoire, qui paraît difficilement crédible, n’est pas à prendre au premier degré. Il faut voir là une métaphore, celle des liens impossibles à renouer entre l’Allemagne asservie dans les camps, et l’autre qui a tenté de profiter des horreurs du nazisme. Ceci est parfaitement illustré par Nelly qui refuse d’entendre son amie qui la met en garde contre son ancien mari, et Johnny qui refuse d’accepter l’idée selon laquelle son ancienne femme est devant lui, malgré l’évidence. La vie ne peut reprendre au point où elle s’était arrêtée. Il y a un avant et un après forcément différents.
Nina Hoss, dans le rôle de Nelly, est formidable. Ses yeux tout d’abord sous les bandages, puis sa volonté de retrouver le mari qu’elle a aimé plus que tout, enfin l’horreur de ce qu’elle découvre in fine. Elle incarne à elle seule, tous les déchirements de l’Allemagne.
* Nelly est présentée comme juive, son amie cherche à émigrer en Palestine. On entend cette dernière lui asséner : « Tu es juive, que tu le veuilles ou non ! ». Je suis toujours particulièrement gêné par de telles affirmations. Le caractère juif ne se décrète pas, il est le propre choix des individus, même si l’éducation reçue pèse beaucoup. Nous sommes tous des homo sapiens, et rien d’autre.
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