The Riot Club

The Riot Club, de la danoise Lone Scherfig, adepte du « dogme95 » initié par Lars Von Trier, nous présente une dizaine d’étudiants de l’université d’Oxford.

Tous mâles, fils de multimillionnaires, bien nés comme on dit (quoique pour l’un des deux nouveaux, ce ne doit pas être tout à fait le cas), ils constituent un club au sein duquel le bizutage est de règle pour y adhérer. La beuverie est l’activité primordiale de ces jeunes de la grande bourgeoisie. Mais, le mépris qui suinte en eux vis-à-vis des pauvres est féroce, incroyablement dur. Même l’un des leur, fils d’armateur grec, peut-être le plus riche d’entre eux, ne parvient pas à être l’égal des neuf autres, parce que non anglais.

Quant aux femmes, ils ne les considèrent que bonnes à baiser. Cependant, ils marqueront un certain respect pour une prostituée qui se refuse à eux, respect qu’ils n’auront pas pour une étudiante obligée, pour payer ses études, de numériser le roman d’un écrivain, et qu’ils humilieront cruellement.

Quant au patron de l’auberge où ils viennent faire la fête, homme du peuple, remboursant toujours son prêt étudiant, il est passé à tabac et laissé pour mort, parce que n’appartenant pas à leur classe. « J’en ai plein le cul des pauvres », s’exclame l’un d’eux ! Coluche disait dans le même registre, mais avec un humour ravageur : « Salauds de pauvres ! ».

In fine, sur les dix, un seul sera poursuivi, mais pourvu d’un avocat retors, il sortira indemne de l’affaire et promis aux plus hautes fonctions. La grande bourgeoisie sait sauver ceux de ses rejetons qui commettent délits ou crimes. Et il paraît, nous disent certains, que la lutte des classes n’existe plus. Mon œil !

Le cinéma de Lone Scherfig est ce qu’on pourrait qualifier de réaliste. Les dix ont une « gueule » de parvenus, savent en jouer. Ils sont filmés sans effets spéciaux, dans toute leur cruauté, caméra à l’épaule. Lone Scherfig ne contourne pas le sujet, elle va droit au but, tape là où il faut taper. C’est du grand art !