mardi 18 novembre 2014

Marie Heurtin

Marie Heurtin est tiré d’une histoire vraie : une adolescente, sourde et aveugle, quasiment réduite à « l’état sauvage », est prise en charge par une religieuse qui va l’éduquer et la socialiser. Nous sommes un peu avant 1900.

Coup de maître pour le réalisateur Jean-Pierre Améris qui a su, sans prosélytisme d’aucune sorte, nous faire pénétrer dans l’univers d’une institution religieuse où on accueille les enfants handicapées, les religieuses partageant leur temps entre la prière, les tâches ménagères et l’éducation.

Le spectateur suit les différentes étapes que Marie traverse : le « peignage » de Marie, Marie dans son bain, Marie reçoit une jolie robe et des chaussures, Marie devenue une jolie jeune fille, Marie apprend à désigner un couteau, puis une fourchette, Marie reçoit ses parents, Marie apprend à écrire, Marie découvre le piano… Enfin, l’image de fin, d’une infinie beauté, la caméra s’élevant vers le ciel et filmant Marie, tout en bas, près de la croix, s’adressant à celle à qui elle doit tout, par le langage des signes…

On pourra néanmoins regretter que ce ne sont que des étapes auxquelles nous assistons, et non une progression qui nous aurait fait découvrir comment Marie passe de la rébellion à la socialisation ; mais il eut fallu un film deux ou trois fois plus long, ce qui est autrement problématique.

Isabelle Carré dans le rôle de « sœur Marguerite » est particulièrement émouvante : elle exprime toute sa sincérité et sa chaleur dans l’accueil de « l’enfant sauvage », et sait être émouvante dans sa maladie. Sachant que la mort est proche, et comprenant que Marie ignore ce qu’est la mort, elle le lui explique au travers d’une religieuse décédée récemment. Explication matérialiste puisque Marie touche le visage de celle qui est morte, et en comprend la signification.

Mais surtout, Ariana Rivoire, jeune fille sourde, est bouleversante. Rôle fabuleux qui la fait passer du petit animal effrayé à cette jeune fille ouverte aux arts : nul doute qu’elle devrait être en lice pour un César !

Le film est entièrement sous-titré pour les sourds, dialogues, musiques (magnifiques airs de violoncelle) et bruitages.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.