samedi 1 novembre 2014

Chemin de croix

Voilà un objet cinématographique, rare et exceptionnel. Ceci pour trois raisons.

1)    Le scénario, ours d’argent à la Berlinade 2014, nous emmène au sein d’une famille catholique traditionaliste, refusant la concile Vatican 2, et confiant ses enfants à un prêtre, qui, malgré sa jeunesse et son air avenant, propage les idées les plus rétrogrades, qu’elles soient morales ou culturelles. Mais nul doute que parmi les responsables de la « Manif pour tous », certains se reconnaîtront aisément dans ces pseudos « valeurs ».
2)    La performance d’actrice de Maria, jeune fille de 14 ans, décidée à devenir une « Sainte », en sacrifiant sa vie, au sens propre, pour obtenir la guérison de son petit frère qui ne parle pas.
3)    Dietrich Brüggemann, le réalisateur, a découpé son film en 14 parties portant chacune le titre des 14 stations du « chemin de croix » de Jésus dans la liturgie catholique, de la condamnation au sépulcre. Lors de chaque tableau, la caméra est rigoureusement fixe tel l’œil du spectateur au théâtre. Mais la religion, et aucune ne fait exception, n’est-elle pas un immense théâtre avec décors, costumes, textes, lieux et fidèles spectateurs ?

Alors, il y a le fameux « miracle » qui sert à certains à pourfendre le film, accusant  Brüggemann de prendre parti. Je réponds simplement qu’il lui était difficile de faire autrement, l’histoire ainsi gagnant en beauté su scénorio.
Certes, à trois reprises, il me semble, la caméra suit un travelling : d’abord, lors de la confirmation, ensuite à la mort de Maria, enfin lors de la mise au tombeau, la caméra termine sa course en filmant le ciel. Je pensais apercevoir Maria entourée d’un halo lumineux : mais non, c’eut été trop !

Il est cependant permis de s’interroger sur les vraies motivations de Maria. A plusieurs reprises, elle appelle Bernadette, française, fille au pair, dans les moments les plus difficiles, chez le médecin, puis sur son lit d’hôpital. En revanche, elle semble de plus en plus rejeter sa mère, femme qui impose au foyer, sa conception intégriste de la vie. Maria veut-elle vraiment devenir une sainte, ou veut-elle fuir tout simplement sa mère en se suicidant ?

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