Les retransmissions des ballets du Bolchoï, pour la saison 2014/15, reprenaient avec « la Légende de l’amour », ballet quasiment inconnu en Europe de l’ouest.
Créé en 1961 au Kirov, par l’équipe des 4*, il est considéré en Russie comme la « quintessence des ballets du 20ème siècle », nous dit Kathy Novikova, attachée de presse du Bolchoï, et qui nous commente les ballets depuis le tout début des retransmissions en direct. Et de nous expliquer qu’à l’époque, ce ballet fut considéré comme révolutionnaire car il rompait net avec les ballets des 18ème et 19ème siècles, notamment l’ère Petipa.
Dans un pays imaginaire, une reine a une sœur qui se meurt. Survient un étranger qui lui propose de guérir sa sœur en échange de sa beauté. La reine devient alors laide et la sœur recouvre la santé, la beauté et bientôt l’amour. Fin du 1er acte.
Les deux sœurs rencontrent au hasard, un peintre de la cour, très beau. Les deux sœurs en tombent amoureuses, mais le peintre choisit évidemment la plus belle au grand dam de la reine, laquelle exile l’amoureux de sa sœur dans les montagnes afin de faire couler l’eau vers la ville, le peuple se mourant de soif.
A l’acte 3, le peintre gracié par la reine, choisit malgré son amour pour la soeurette, de rester dans les montagnes où le devoir l’appelle pour sauver son peuple. Quel courage !
Maria Allash dans le rôle de la reine, et Anna Nikulina dans celui de la sœur, sont parvenues à un fort bel équilibre, aucune des deux ne prenant le pas sur l’autre. Les deux étoiles du Bolchoï se complétaient tout à fait, la première le visage recouvert d’un voile pour cacher sa laideur, remarquable dans sa tragédie, les yeux terrifiés, au jeu de main tout à fait exceptionnel ; la seconde, joyeuse, éprise d’un beau jeune homme qui l’aime, enfin perdue devant l’être qu’elle aime et qui choisit son devoir en l’abandonnant.
Enfin, Denis Rodkin en peintre amoureux, a été étincelant, bondissant et virevoltant de belle manière, assurant sans problème les portés des deux charmantes étoiles du Bolchoï.
Le corps de ballet, comme à son habitude au Bolchoï, fut impeccable par sa justesse, ainsi que l’orchestre sous la direction du maître des lieux, Pavel Sorokin.
Le décor représentait un livre, sorte de retable, que l’on referma, la légende terminée.
* Le ballet commença par 4 notes, représentant les 4 créateurs du ballet :
• Nâzım Hikmet, auteur de la pièce de théâtre à partir de laquelle le ballet a été construit. Il passa plus de quinze années dans les geôles turques avant de finir sa vie à Moscou. Il fut présenté par K. Novikova comme idéaliste, humaniste et internationaliste, pour ne pas dire communiste dans la Russie d’aujourd’hui.
• Youri Grigorovitch, russe, monstre sacré du Bolchoï, chorégraphe en chef pendant 30 ans à partir de 1964, et revenu en 2008 à la direction artistique. A 87 ans, il dirige toujours les danseuses et danseurs du Bolchoï, lesquels, semble-t-il, lui vouent une admiration sans bornes.
• Arif Melikov, azéri, compositeur de la musique du ballet, qui fut interviewé lors du second entracte.
• Simon Virsaladze, géorgien, qui signa les décors et les costumes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.