Mommy

Xavier Dolan, à 25 ans, est un génie du cinéma. Son dernier film, Mommy, prix du Jury au dernier festival de Cannes (il aurait pu obtenir mieux, Anne Dorval aussi aurait pu recevoir le prix d’interprétation féminine tant elle est fabuleuse dans le rôle de Diane) apparaît comme un monument cinématographique qui ne peut laisser le spectateur indemne après la projection.

Une femme, Diane, jolie, sexy, vivant la vie au jour le jour, et son fils, tantôt adorable, tantôt auteur de dérapages en tous genres (violence, racisme, insultes – mais sa mère n’est pas en reste) forment à eux deux un duo explosif. S’immisce alors Kyla, la voisine d’en face, au lourd secret familial (on n’en saura rien), rendue bègue par on ne sait quoi, qui va tenter de calmer le jeu en délaissant sa propre famille, en s’occupant de Steve, et en lui faisant poursuivre ses études. La scène d’affrontement entre Kyla et Steve est peut-être la plus forte émotionnellement.

Le film, dans un format carré, semble emprisonner le trio, pris dans une folle aventure qui semble ne pas avoir d’issue.
Xavier Dolan filme au plus près les uns et les autres, notamment dans les moments les plus aigus. La scène où l’on voit Steve jouer avec un caddie sur le parking d’un supermarché, la caméra tournant autour, est proprement hallucinante. Elle peut rappeler celle de l’escalier dans « Quand passent les cigognes ».

Les acteurs, à quelques exceptions près, s’expriment dans un dialecte québécois, le joual, issu du français. On le comprend plus ou moins, mais les sous-titres, pas toujours lisibles en raison de la rapidité d’élocution de la mère et du fils, permettent de saisir le sens des paroles.

Même si la fin m’a semblé quelque peu alambiquée, il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’une œuvre majeure qui parle de ceux qui sont sortis du moule, qui ne parviennent pas à vivre au sein de la société, de ceux qui vivent le handicap quotidiennement. Merci Xavier Dolan pour cette œuvre magnifique !