Andreï Zviaguintsev a pris l’habitude de repartir avec quelque chose des festivals où passent ses films. Ce fut encore le cas avec « Léviathan » au dernier Cannes, avec le prix du scénario.
Dans un paysage du bout du monde, très beau, désertique, face à la mer de Barents dont les vagues viennent frapper la côte rocheuse, sans rémission, comme la mafia russe pille ce pays sans que rien ne puisse l’en empêcher, vit un homme, une femme et un ado. La vodka semble être le seul passe-temps de la communauté, avec l’usage des armes à feu, le temps de l’anniversaire de l’un d’entre eux.
Là, les carcasses de bateaux s’accumulent, dans la ville des immeubles tombent en ruine, un squelette de baleine repose sur la plage, réminiscence du léviathan biblique, monstre représentant l’apocalypse.
Tout irait pour le mieux si la mafia ne régnait sur la région : maire, vrai potentat local, policier, procureur, juge et pope font régner leur loi. Donc, le maire décide d’expulser cette famille qui vit au bord de la mer, dans une pauvre maison qui a dû être belle autrefois. Rien ne pourra l’en empêcher. Pas plus l’avocat aux mœurs douteuses, venu de Moscou. L’homme, Kolia, s’enfonce lentement dans un engrenage sans fin, sans que rien ni personne ne lui tende la main.
Zviaguintsev nous présente un pays qui s’enfonce dans le crime, sans espoir, sans issue. Dans Elena sorti en 2012, la femme se rebelle et parvient à donner un avenir à sa famille. Ici, point de révolte. La Russie Poutinienne n’offre aucun avenir à son peuple, semble nous dire Zviaguintsev, en dehors de la vodka et de la religion pour les pauvres, le fric et la corruption pour ceux qui se partagent le Pouvoir.
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