Par un pur hasard, l’ATAO ouvrait sa saison théâtrale par le texte de la Boétie, écrit en 1550, « Discours de la Servitude volontaire », qui résonnait comme en écho au film projeté deux jours auparavant à la Source, « Fahrenheit 451 », d’après le roman de Ray Bradbury. Ce dernier avait-il eu connaissance du pamphlet de l’étudiant français qui, en pleine guerre de religion, avait eu l’audace et le génie, du haut de ses vingt ans, d’analyser et de pourfendre les peuples qui acceptent la tyrannie par habitude pour la plupart, par confort pour certains, et par cupidité pour quelques uns.
François Clavier est seul sur scène. Totalement imprégné de son texte, il sait tenir le spectateur attentif, par maintes références aux textes et aux tyrans antiques, mais aussi par des clins d’œil à l’époque actuelle. Car on se demande parfois si ce texte n’a pas été écrit pour nous, spectateurs du début du XXIème siècle, tant certaines phrases nous apparaissent d’une actualité brûlante.
Dans ce texte, un personnage manque : Dieu. Rappelons que nous sommes en plein cœur des guerres de religion, la nuit de la Saint Barthélémy surviendra 22 ans plus tard. Alors, on peut légitimement se demander, si derrière la dénonciation des tyrans, ne se cacherait pas celui pour qui et au nom de qui, on tue de tous temps, on massacre, on pille et on meurt en martyr, heureux.
NB : je viens de lire « Propaganda », texte de …, écrit pour une mise en scène théâtrale. La Boétie ne pouvait évidemment imaginer les techniques de « relations publiques », autrement dit de propagande dont s’inspira Goebbels, qui sont celles décrites par Edward Bernays. Celles-ci s’ajoutent aux jeux et spectacles qui, de tous temps, ont servi afin d’entraîner les peuples à se soumettre aux tyrans.
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