« Mange tes morts – Tu ne diras point » (titre biblique !) est un film de Jean-Charles Hue, consacré aux Gens du Voyage, et plus particulièrement à la communauté Yéniche, la plupart ferrailleurs de leur métier. Cette famille, les Dorkel, vit dans la région de Beauvais, c’est leur propre histoire que le réalisateur a voulu mettre en scène. Fiction ou documentaire : un peu des deux comme le plus souvent. Et c’est cette famille que l’on voit à l’écran, Jason, Mickaël et Fred, tous des Dorkel, remarquables acteurs, notamment Fred qui pourrait continuer une carrière cinématographique tant sa présence à l’écran est exceptionnelle !
A peine sorti de prison où il a purgé 15 ans, Fred retrouve ses frères, sa mère, ses cousins, une voiture haut de gamme volée et mise à l’abri pour sa sortie de prison, et les voilà à quatre partis pour une virée sur les routes à la recherche d’un camion de cuivre. La nuit sera particulièrement agitée jusqu’à la rencontre avec un barrage de policiers que Fred, au volant, forcera. Là se situe la scène la plus émouvante du film : un tête-à-queue, Fred sort de la voiture et lance aux flics tapis derrière leurs projecteurs que s’il a fait ça toute sa vie, c’était pour nourrir sa famille.
Le film est magnifique, les acteurs excellents, la photographie remarquable. Sauf que… A l’heure où les Gens du Voyage en prennent plein la tronche, quotidiennement, quelle est l’utilité de montrer ce que certains d’entre eux ont commis naguère ? Ce film ne va-t-il pas alimenter la haine qu’une partie de la société éprouve à leur encontre ? On m’objectera, à juste titre, que ce film ne sera diffusé que dans des salles Art et essai, et qu’il n’aura pas d’audience grand public.
Le réalisateur assume. Il partage une partie de sa vie avec cette communauté et voulait rendre en quelque sorte hommage à Pierrot, celui qu’incarne Frédéric.
Il n’empêche que je lui préfère « Les fils du Vent » de Bruno Le Jean, nous plongeant chez les Manouches et nous faisant découvrir leur jazz, celui d’Angelo Debarre, film qui fait aimer ceux qui vivent différemment des « Gadjos ».
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