Jimmy’s Hall, dernier film de Ken Loach, est une oeuvre éminemment politique, au sens noble du terme.
Pendant le générique du début, passent des vidéos tournées dans les années 1920 aux Etats-Unis. Nous sommes en 1931. Jimmy Garlton revient dans son pays, l’Irlande où il est né, et retrouve sa mère âgée. Son espoir : vivre en paix dans les travaux de sa ferme.
Mais les jeunes du pays le sollicitent afin de faire revivre le dancing qu’il avait autrefois construit, et où la musique, le dessin, la lecture, la danse étaient au programme, et réunissaient la jeunesse locale.
Pour la bourgeoisie réactionnaire, avec à sa tête le clergé, aidée par quelques nervis fascistes, ce sont là des activités subversives. Prêches à l’église, intrusion pendant une séance de cinéma, flagellation sur une fille récalcitrante, les tirs en pleine nuit sur le dancing bondé n’auront pas raison de la jeunesse.
D’autant que se greffe sur la soif de culture dans la jeunesse irlandaise, le problème agraire. A la suite de l’expulsion d’une famille pauvre d’une ferme, la nécessité d’une « réforme agraire » se fait jour dans les esprits. Deux mots qui effraient au plus haut point ceux qui possèdent la terre, et au-delà. Car dans toute révolution sociale, la propriété des moyens de production et la propriété agraire sont les deux éléments fondamentaux et indissociables sans lesquels le mot révolution n’a pas de sens. C’est pourquoi, à mon avis, les « révolutions arabes » du printemps 2010 n’en sont pas, l’exercice ayant consisté à remplacer un dictateur par un autre.
Le film de Ken Loach est remarquable en ce sens qu’il place les enjeux politiques de l’Irlande, au plus haut, et qu’il ne se contente pas de traiter seule l’affaire du dancing, isolée du reste. Le débat qui a lieu dans le film, pour savoir si on peut mettre le peuple en mouvement afin de réinstaller la famille pauvre dans sa ferme, est exceptionnel en ce sens où on retrouve les doutes chez certains, la conscience politique qu’on peut faire bouger les lignes chez d’autres. Les scènes de musique et de danse (jazz, folk) donnent vraiment envie aux spectateurs de se lever et de partager la joie de vivre de cette jeunesse que la dernière image nous montre avide de progrès.
L’histoire nous a appris depuis, l’affaire des femmes dans les couvents, transformées en esclaves, celle des enfants morts par centaines dans ces mêmes couvents. Aujourd’hui, l’Irlande ne reconnaît le divorce que depuis 1996, mais reste pratiquement inconnu dans la société. L’IVG est quasi interdite.
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