Boyhood, du cinéaste étatsunien Richard Linklater, nous plonge dans l’Amérique actuelle, sur une période de douze années, dans un milieu quelque peu évolué intellectuellement. On n’est pas ici dans l’Amérique profonde du Tea Party.
Le tour de force de Linklater aura constitué à choisir quatre acteurs (un homme, une femme, et deux enfants de 7 et 9 ans) et de les filmer pendant ces douze années. En fait, le spectateur a la sensation d’ouvrir une fenêtre à intervalles réguliers, et de les voir grandir, évoluer, se chamailler, faire la fête… Bien sûr, d’autres personnages secondaires apparaissent le temps d’une année, puis disparaissent ensuite au gré des évènements : divorce, scolarité des enfants, voisinage, amours adolescentes… C’est à la fois un documentaire sur l’Amérique, la famille, la jeunesse texane, mais le reste relève de pure fiction.
Linklater aurait pu choisir plusieurs acteurs pour tenir le rôle des enfants, à des âges différents, mais les voir grandir de la petite enfance jusqu’à l’adolescence tient le spectateur en éveil durant deux heures trois-quarts, sans qu’à aucun moment, notre attention ne diminue. Ce fut un pari risqué dans la mesure où le réalisateur n’avait pas la certitude de garder avec lui ses 4 acteurs : l’un aurait pu faire défaut à un moment donné. Mais le pari fut réussi merveilleusement !
Pendant ces douze années, une multitude d’évènements apparaissent, du plus futile au plus grave tel celui provoquant le second divorce d’Olivia, la mère, interprétée magnifiquement par Patricia Arquette. L’émotion est réelle lorsqu’à la fin du film, quand son fils quitte la maison pour aller vivre à l’université, elle se retrouve seule chez elle, sans mari, sans ses enfants partis, et qu’elle se demande si elle a autre chose à faire que mourir. Être ou ne pas être ?
Parfois, on plonge directement dans l’actualité, comme les deux élections présidentielles en 2004 et 2008, ou la sortie d’un énième Harry Potter, ou quand un homme évoque sa participation à la guerre en Irak.
Mais ce film vaut surtout par la prestation du jeune Ellar Coltrane, alias Mason Junior, que l’on voit grandir, aller en classe, retrouver son père le temps d’un week-end et aller camper avec lui, découvrir les flirts lycéens, en parler avec son père ou sa mère, conduire son premier véhicule... Et l’on se souvient de ses propres enfants que l’on a vus aussi grandir, avec des différences soit, mais aussi avec beaucoup de points communs.
Un grand film !
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