samedi 7 juin 2014

Les trois soeurs du Yunnan

Les trois sœurs du Yunnan, est un film documentaire de Wang Bing, de deux heures et demie. Le réalisateur n’en est pas à son coup d’essai puisqu’en 2003, il avait présenté « A l’ouest des rails », « docu-fleuve » de 9 heures qui retraçait le passage de l’économie « communiste » à l’économie « capitaliste » dans un complexe industriel. A nouveau, Wang Bing nous livre l’envers du décor : si la télé française n’est pas avare de reportages sur les milliardaires chinois qui achètent le monde, ici, on compte en yuan, voire en centime !

Trois sœurs, 10, 6 et 4 ans, vivent seules dans une maison délabrée d’un village perdu, situé à 3200 mètres d’altitude. Le grand-père est présent, le père de façon très épisodique, la mère a disparu. Elles s’occupent de 3 cochons, de moutons, poules, canards, chèvres. Un chien les accompagne. La plus grande va à l’école.

C’est la grande misère ! ceci dit, les 3 sœurs semblent manger à leur faim, même si elles vivent dans un état de saleté inouï, sans aucune hygiène.

Wang Bing les filme caméra à l’épaule. On les découvre tantôt rieuses, tantôt coléreuse (la plus petite), un bref regard parfois vers la caméra, un petit conflit entre la plus grande et une autre fille sur le chemin de l’école, souvent marchant dans la boue et vivant dans une espèce de maison de torchis, une petite ampoule électrique éclairant faiblement la pièce. Et que dire de l’école : vieux livres déchirés, vieilles tables, absences de bancs, mais un tableau.
Les travaux des champs les occupent : ramassage des patates, des crottes de moutons… parfois dans un paysage de brume qui donne au film, le sentiment que ces petites filles vivent au bout du monde, sans doute au-delà du monde.

Pas de voix off, et si peu de commentaires écrits, sauf le sous-titrage. Wang Bing nous présente ces 3 petites filles telles qu’elles vivent chaque jour, au quotidien, parfois avec les cousins lorsqu’on partage un repas de famille. Pas de parti pris, c’est un « docu » à l’état brut.

Et c’est là que ça dérange et que ça questionne ! Les documentaires mettant en scène des enfants (Être et Avoir en est l’exemple type) sont-ils vraiment des documentaires bruts, ou bien sont-ils le résultat de mises en scène savamment orchestrées ?
Yingying (10 ans) ne cesse de tousser. On ne peut supposer qu’elle tousse sur commande pour faire « plus vrai ». Alors, dans l’état de dénuement sanitaire où elle vit, l’a-t-on laissée tousser pendant des mois ? Parce que, ce que le spectateur ne voit pas, c’est l’équipe qui filme avec caméra et prise de son qui accompagne les enfants. N’y avait-il pas un médicament à lui administrer ? Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Cela méritait et mériterait d’être dit !

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