samedi 28 juin 2014

Le Procès de Viviane Amsalem

Le procès de Viviane Amsalem, des frère et sœur Shlomi et Ronit Elkabetz, est une œuvre admirable qui ne peut laisser indifférent. C’est en même temps une bouffonnerie et un drame terrible imposé à une femme.

L’histoire est toute simple. On est en Israël, pays où les rabbins règnent sur les mœurs de la société. Un couple, 4 enfants, elle mariée à 15 ans, a quitté le domicile conjugal et vit depuis plusieurs années chez sa sœur. Elle veut divorcer. Mais dans ce pays, ce sont les rabbins qui prononcent le divorce à la condition absolue que le mari accepte. Or, celui-ci refuse obstinément !

C’est un huis clos parfait : deux heures dans le prétoire pour un « procès » qui durera plus de cinq années. De manière régulière, tous les deux à trois mois, parfois six mois, les personnages se retrouvent dans cette salle d’audience. Il y a là trois rabbins, un greffier, elle et son avocat, lui et son frère qui lui sert d’avocat, des témoins, dont on ne sait plus trop s’ils servent l’un ou l’autre. Et invariablement, lui refuse le divorce.

Viviane (rôle tenu par Ronit Elkabetz) parle très peu. Tout est dans le regard, le moindre geste est précis, la position des pieds, la main dans les cheveux (une horreur pour les rabbins !), le port de tête. Mais lorsqu’elle se révolte au bout de cinq ans, elle dénonce la mainmise des rabbins sur la société israélienne : moment certainement le plus émotionnel du film. C’est le cri d’une femme qui n’en peut plus d’être enchaînée à l’homme qui lui refuse sa liberté, avec la complicité des rabbins.

Notons aussi la présence de Jeanne Lapoirie, Directeur de la photographie, qui a su apporter au film, une lumière (essentiellement en Noir et Blanc) qui lui donne cet aspect du huis clos, la caméra épiant le regard, tantôt de l’un, tantôt de l’autre, rarement des deux. Du grand art !

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