Femmes d’intérieur est donné dans le cadre du CDN à Orléans.
Les spectateurs se retrouvent assis sur des tabourets, au milieu de la salle. Sur chacune des deux longueurs, un couloir représente un appartement avec évier, toilettes, réfrigérateur, cafetière, canapé… Deux femmes habitent chacune un de ces couloirs : l’une, 70 ans, est prête à déménager : les cartons sont fermés, elle se remémore sa vie passée à l’aide d’un projecteur de diapos d’autrefois, esquisse quelques pas de danse qui doivent lui rappeler sa jeunesse, retrouve ses vieux vêtements dans les cartons ; l’autre, la quarantaine, rentre de son travail et effectue tous les gestes quotidiens. Rien ne nous sera caché, y compris le passage aux toilettes par deux fois, ou le plat passé au micro-ondes se révélant immangeable et finissant dans la poubelle.
Des vitres coulissantes leur permettent de prendre l’air, et de se regarder face à face, sans jamais se parler, comme dans les immeubles de nos cités.
Michèle Gleizer interprète le rôle de la « petite vieille », tout en douceur, avec beaucoup de tendresse, nostalgique de sa vie passée, attendant presque la mort.
Vanessa Larré, metteur en scène et jouant le rôle de « l’autre », est sublime de vérité : tous ses gestes, jusqu’au moindre détail, sont étudiés à la perfection. Dans la salle de bain, une caméra nous restitue son visage sur un écran : la séquence nous montrant le retrait de ses lentilles est impressionnante. Elle part ensuite dans une danse endiablée, jusqu’à la transe.
Femmes seules, le soir : la pièce interroge sur leur vie, dans les cités. La place des spectateurs interpelle : qui donc est prisonnier de l’autre ? le spectateur jouant le rôle du voyeur et coincé entre ces deux femmes, ou elles-mêmes répétant inlassablement, chaque jour, les mêmes gestes quotidiens ? La transe ne serait-elle que le reflet de cette vie, pouvant mener jusqu’à la folie ?
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