Jean Lambert-Wild et sa Compagnie basée dans le Morbihan, « la Coopérative 326 », ont choisi d’adapter la pièce phare d’Eugène Ionesco, « Le Roi se meurt », transposée sur le plateau d’un cirque. De toute évidence, cirque et théâtre de l’absurde font bon ménage, et même plus, tels deux frères ou sœurs nées pour vivre ensemble, pour la plus grande joie du public. JLW et son clown blanc, personnage qu’il a lui-même créé il y a une vingtaine d’années en compagnie de Catherine Lefeuvre, le prouve aisément.
D’entrée, une silhouette courbée sous le poids de la mort,
un squelette sur le dos, arpente le plateau dans la pénombre, derrière un voile
ajouré. L’image est belle, saisissante. Rideau levé, Pompon, le petit cochon de
la troupe, déroule le tapis, seul en scène. Tapis de l’absurde, sous lequel on
cache la poussière, celle de la société qui part à vau l’eau, celle du
dérèglement climatique qu’on ne veut pas voir, celle de cette société qui se
meurt (tel le roi Béranger) où les riches deviennent encore plus riches et les
pauvres encore plus pauvres.
Il y a donc le roi Béranger 1er en clown blanc
qui ne veut pas mourir, mais qui meurt néanmoins, quoique la faucheuse mette un
sacré bout de temps à faire son œuvre, les deux reines car il lui en faut bien
deux, l’une pour le pousser dans l’au-delà, l’autre pour le consoler, le
médecin juché sur des échasses, Juliette, femme à tout faire et dresseuse
d’animaux, et le garde en clown bis. On n’hésite pas à investir les gradins, à s’amuser avec tel ou tel spectateur…
Les connotations avec la société actuelle sont légion, même
si le texte de Ionesco a été écrit il y a plus de 60 ans, il apparaît des plus
actuels pour celle ou celui qui pense parmi le public. C’est là qu’on comprend
que le théâtre de l’absurde n’est pas si absurde que cela, sous couvert de
décalages, il dépeint avec finesse, mais aussi cruauté, l’univers qui nous
entoure.

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