lundi 22 septembre 2025

« OUI », de Nadav Lapid, un cri avant l’apocalypse

Le dernier film du cinéaste israélien, présenté à Cannes dans la section de la Quinzaine des cinéastes, est d’abord une magnifique œuvre cinématographique, esthétique et musicale. Ensuite, loin d’être un film pro-palestinien, il décrit l’évolution de la société juive israélienne depuis l’abomination du 7 octobre orchestrée par le Hamas, vers un peuple guerrier, assoiffé du sang des autres, à Gaza et en Cisjordanie.

A l’entame du film, un mariage entre Y, pianiste et clown dans la vie, et Jasmine, danseuse, deux artistes. Coutumes étranges, on chante, on danse, on rit, on plonge dans la piscine simulant une noyade, passons ! Une ellipse plus tard, Noah est né. Le couple avance, mais ne roule pas sur l’or. Lui s’interroge, quitte le foyer conjugal, et part vers le nord, retrouve une amie d’enfance qui lui raconte le 7 octobre. Séquence terrible, dramatisée par le débit ultra rapide de Leah.

Retour au sein du couple, Jasmine met à la porte son mari absent trop longtemps sans donner d’explications. Lui, Y, est chargé par un richissime oligarque russe, de créer une musique sur un « hymne », le « nouvel hymne israélien », sur des paroles qui font froid dans le dos. On assiste alors, et l’histoire est vraie nous dit-on en sous-titrage, à une chorale d’enfants juifs, chantant des paroles guerrières, vengeresses, assassines. On se dit que l’éducation sous le 3ème Reich devait ressembler à ça.

Au final, Jasmine annonce partir en Europe où son fils Noah verra l’herbe verte en été et en hiver. Y la suivra-t-il ? « J’espère que Dieu n’existe pas » s’exclame-t-il, au mitan du film, devant l’escalade guerrière, puni par sa mère qui lui lance des pierres du ciel où elle réside maintenant.

Nombreuses métaphores de Nadav Lapid, telles l’avalanche de pierres tombant du ciel, ou le léchage de bottes en chaîne vers le richissime homme d’affaires juif. Toute ressemblance physique avec Netanyahu n’est pas une simple coïncidence. Par ailleurs, le cinéaste use de séances orgiaques dans cette société de fêtes, de plaisirs, afin de montrer sa déliquescence, rappelant celle de la Rome antique peu avant son effondrement.

Remarquables interprétations d’Ariel Bronz dans le rôle d’Y et de Efrat Dor dans celui de Jasmine. Un film exceptionnel à voir dans les salles.

« OUI », nous dit Nadav Lapid, c’est dire OUI à la barbarie, d’où qu’elle vienne. 

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