« Babylon », très long métrage (un peu plus de 3 heures) de Damien Chazelle, est un film monument. Il rend hommage au cinéma, ce 7ème art qui fait couler toujours autant d’encre avec les nouveautés du mercredi. Il se situe dans la seconde partie des années 20 en débordant sur les années 30, au moment où le cinéma devient parlant. On sait que de nombreux réalisateurs, acteurs et actrices, ont disparu des radars, stars dans le muet, abandonnés par le public dans le parlant.
Chazelle a certainement réalisé un travail d’archiviste, il décrit la réalité de ce qu’était Hollywood dans ces années, ses scandales, sa débauche, la drogue et l’alcool coulant à flots, la pègre en embuscade, l’absence totale de scrupules dans le milieu du cinéma, tout cela ne pouvant que conduire à la dégénérescence d’Hollywood, avant un retour à l’ordre moral.
Les deux premières séquences du film sont totalement ahurissantes, impensables aujourd’hui. D’abord, cette orgie monstre en plein désert dans une sorte de petit château, où on amènera même un éléphant pour créer la surprise. Puis après le titre du film, le tournage, toujours dans le désert, d’un de ces films d’épopée où deux armées antiques s’affrontaient : c’est là qu’on découvre que les blessures graves, voire les morts, n’étaient pas rares parmi les figurants.
Chazelle s’est inspiré d’acteurs et actrices réelles afin de créer les personnages de fiction dans le film, en modifiant quelque peu, mais sans plus, leur vie. Il en va ainsi de Brad Pitt qui incarne un acteur au zénith du cinéma muet, Jack Conrad dans le film, et Margot Robbie (Nellie LaRoy), actrice partie de rien lors de l’orgie mentionnée, parvenue au faite de la gloire, et redescendue aussi vite, terminant dans la débauche.
Au passage, Chazelle semble régler ses comptes avec les milliardaires d’aujourd’hui, en faisant vomir Margot Robbie à la face de leurs ancêtres d’alors. Il dénonce aussi le racisme de l’époque (pas sûr que les choses aient beaucoup évolué aujourd’hui) quand l’acteur Jovan Adepo interprétant un trompettiste est sommé de noircir son visage afin d’éviter un scandale dans la bonne société américaine.
Signalons aussi la présence de Tobey Maguire dans le rôle du truand, sorte de parrain, qui nous emmène dans des bas-fonds où règne la promiscuité, la dépravation, la lie de l’espèce humaine. Brièvement, le personnage me fait penser au Joker des films de Batman. Enfin, souvenons-nous de la beauté picturale de cette scène, au soleil couchant, quand Brad Pitt embrasse une jeune femme vêtue de blanc, un papillon se posant sur l’épaule de Pitt. Hasard ou trucage ?
Le final est totalement éblouissant, dans un enchevêtrement d’images filmiques d’hier et d’aujourd’hui. Mais il faut attendre 3 heures pour le voir. Enfin, la musique exceptionnelle de Justin Hurwitz, déjà récompensée aux Golden Globes 2023, et empruntant à de nombreux compositeurs classiques, contemporains ou de jazz. Un film monstre, ai-je dit !
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