samedi 4 juin 2022

Quand le cinéma parle du cinéma

Enfin, un excellent film, par les temps actuels, ce n'est pas très courant… « Compétition officielle » du duo argentin Mariano Cohn et Gastón Duprat, nous entraîne dans les coulisses des répétitions d’un film voulu par un millionnaire, lequel désirait laisser une œuvre qui porterait son nom après sa mort, il a 80 ans. Il recrute la meilleure réalisatrice auréolé d’un tas de Prix (Pénélope Cruz), lui colle un roman dans les mains afin qu’elle en écrive l’adaptation cinématographique, puis qu’elle le tourne.

Elle recrute alors à son tour les deux vedettes du 7ème art, Félix (Antonio Banderas) et Manuel (Oscar Martinez). Sauf que tout oppose ces deux-là ! Félix est un coureur de jupons comme on dit, Manuel vit depuis longtemps avec la même épouse. Mais surtout, Manuel est un défenseur du cinéma d’auteur et affirme haut et fort que le cinéma de divertissement fabrique des débiles et des abrutis : évidemment Félix n’est pas du tout d’accord, lui qui ne voit que par ce cinéma-là.

Le film est placé sous le signe des répétitions, ou plutôt débute avec les premières lectures de l’adaptation et se termine par la scène finale, filmée. Autant dire de suite que le cinéma des complices argentins n’est pas un cinéma de divertissement, mais celui que préfère Manuel, un cinéma d’auteur. On y trouve des répliques savoureuses où l’humour est grinçant, un magnifique trio où chacun tente, souvent avec succès, de tromper les deux autres. La séquence où Pénélope Cruz ayant fait emprisonner les deux acteurs dans des bandelettes et jette dans une broyeuse tous leurs trophées gagnés dans les festivals, devrait passer à la postérité.

An final, Pénélope Cruz s’interroge sur ce qu’est la fin d’un film, sur la notion de fin, pense qu’on pourrait le faire durer éternellement. L’image ultime du film, le visage de la star espagnole en plein écran, chevelure rousse, nous regardant, puis esquissant un sourire pour le public que nous sommes, est d’un esthétisme absolu. Rien que pour cette dernière image, le film vaut le détour. A condition d’aimer le cinéma d’auteur, tel Oscar Martinez.

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