Le hongrois Kornel Mundruczo s’affirme comme l’un des tout premiers metteurs en scène européens, que ce soit au théâtre ou au cinéma. En Avignon, l’été dernier, son spectacle « Une femme en pièces » s’est imposé, pour moi et pour beaucoup de spectateurs et notamment les critiques théâtrales, comme le spectacle « number one », celui qui a laissé loin derrière lui le reste de la programmation.
De retour au cinéma, le voilà avec « Evolution », (lire en français ou en anglais, au choix). Là encore, le voilà au sommet du 7ème art ! Le film se divise en trois parties.
La première m’a fait songer au cinéma de Bela Tarr, compatriote de Mundruczo, et son film monumental de 7 heures, « Satantango ». Des hommes pénètrent dans une cellule, entreprennent de tout laver à grande eau, mais découvre des cheveux sur les murs, puis métaphoriquement des lianes de cheveux interminables, quand soudain surgit des profondeurs un tout petit enfant qui pleure. Façon d’imaginer la renaissance de la Hongrie après la période nazie. Ici, remarquable travail du Directeur de la photographie, le français Yorick Le Saux.
La seconde met en scène une vieille femme et sa fille. Mundruczo utilise l’allégorie lorsque la femme âgée se met à déféquer debout, et que des torrents d’eau noient l’appartement, signifiant la nécessité de balayer toute la « merde » de la société hongroise, l’antisémitisme notamment, mais pas seulement sans doute.
La troisième partie crée une note d’espoir avec ces deux jeunes ados, garçons et filles, rejetés par leurs camarades, parce que l’un est de mère juive, l’autre a été tondue par son père, et qui s’embrassent d’amour tendre.
Mundruczo et sa complice Kata Wéber signent là un film majeur qui aurait pu intégrer le palmarès du festival de Cannes 2021.
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