mardi 3 mai 2022

Nouveau bijou iranien, hymne à la liberté

Le fils Panahi, prénom Panah, tient de son père, il nous propose un film magnifique de deux heures trente, « Hit the road », présenté lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2021.

Une famille installée dans une voiture de location, genre gros SUV, fait route depuis Téhéran vers la frontière azéri. Le père, une jambe dans le plâtre depuis trois mois, la mère et ses deux fils : l’aîné, la vingtaine, conduit la puissante voiture, tandis que son frère, 10 ans pas plus, fait le guignol. Rien que pour voir cet enfant, le film vaut d’être vu. Ajoutons un vieux chien plus très en forme.

Comme beaucoup de films iraniens, l’action se passe dans une voiture, dans des zones où le policier se fait rare, le désert ou la montagne étant propice au cinéma. L’objectif du périple, qui n’est pas clair, on suppose que la famille est d’origine azéri, tous parlant la langue, consiste à envoyer le fils aîné de l’autre côté de la frontière, en nuit, c’est plus sûr, afin de se marier à une jolie fille, à moins qu’une métaphore se soit glissée dans les propos de l’un ou de l’autre. Au grand désarroi de la mère qui perd ainsi son fils adoré, à la figure d’intello. Reviendra-t-il avec sa tendre épouse, le film ne le dit pas.

Question métaphores, le fils Panahi a dû en glisser quelques unes, mais les codes nous manquent. Il y a évidemment la jambe dans le plâtre qui pourrait représenter le mur devant lequel se dressent les démocrates du pays, les pitreries de l’enfant, façon de se moquer des ayatollahs, et la mort du chien représentant celle de tout ce qu’on aime au pays perse.

Tout est formidable dans ce long métrage, les acteurs, les dialogues, les chansons que la famille mime, et la photographie due à Amin Ja'fari, lequel était déjà derrière la caméra pour « Trois visages » de Jafar Panahi, car filmer dans une voiture n’est pas toujours simple. Quant aux paysages, ils sont somptueux, notamment en se rapprochant de la frontière. La dernière scène où l’on voit la famille chanter, ou plutôt mimer un hymne à la liberté, avec l’enfant se dressant au-dessus de la voiture (Cf l'affiche du film), devrait devenir culte !

Un nouveau cinéaste iranien est né, pour notre plus grand plaisir.

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