Superbe film « Et il y eut un matin » du réalisateur israélien Eran Kolirin, tourné avec un minimum de moyens certainement, et exclusivement actrices et acteurs palestiniens. Eran Kolirin nous offre un huis clos où tout a l’air de s’arrêter de vivre, sorte de prison psychologique.
Nous sommes dans un village arabe, en territoire israélien. Samir qui vit et travaille à Jérusalem, revient pour le mariage de son frère, en compagnie de sa femme et de son fils. Mais au matin, quand il s’agit de repartir, l’armée de l’état hébreu ferme les routes sans explications, bloquant le village et érigeant un mur autour, celui-ci est visible contrairement à celui de Marlen Haushofer. Mais ces murs-là, visibles ou non, on ne les franchit pas.
Dans ce huis clos, tout se détraque : les colombes ne volent plus, le réseau des mobiles est brouillé, les couples se défont et ne baisent plus, la police palestinienne se conduit telle celle côté israélien, pourchassant les sans-papiers palestiniens, les magasins se vident, et Abed qui a acheté un taxi tout neuf n’a personne à transporter avant de le voir partir en flammes. Métaphore que cette vie stoppée net, prison au sein de laquelle on attend la libération dont on se demande si elle se produira un jour.
Le cinéaste israélien appuie là où ça fait mal, quand le père de Samir se souvient qu’autrefois, si le village avait été bloqué, une immense manifestation aurait fait céder les geôliers, même au prix de quelques vies.
Nous sommes en territoire musulman, pourtant le voile est absent chez les femmes et on sort en cachette le bon vin. Quant au soldat chargé de veiller sur la porte la nuit, il dort la plupart du temps et on peut lui prendre son arme comme on veut. Eran Kolirin nous a transporté au théâtre, celui de Beckett, dirait-on. Les palestiniens attendent peut-être Godot, sans espoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.