Le texte, dense, riche, petit bijou littéraire, est de Lola Molina, paru aux Editions théâtrales. L’autrice de nous expliquer le sens du titre : l’Adeno Nuitome, c’est la nuit cancéreuse, et amoureuse. Le texte met en scène, sous la direction de Lelio Plotton, une femme et un homme, la trentaine, amoureux fous. Elle est romancière, espère un Prix littéraire qui ne vient pas. Lui part en tournées théâtrales, il s’occupe des lumières. Ils emménagent dans une maison à la campagne, près d’une forêt. Symbole de la protection climatique, mais aussi lieu mystérieux où se réfugient loups, ogres et sorcières dans les contes.
Le cancer atteint la femme. Survivra-t-elle aux opérations ? Les spécialistes ne se prononcent pas. Tous deux sont dans l’attente, dans une sorte d’équilibre instable où tout peut basculer d’un côté comme de l’autre. Alors, quand ils se retrouvent à la fin d’une tournée, ils se souviennent, tout rejaillit à la surface…
Au milieu du plateau, un tapis, une table à droite où elle écrit ses textes, à gauche un banc, et partout, des plantes, des fleurs dans des vases ou des bouteilles à même le sol. La femme, c’est Charlotte Ligneau, l’homme est interprété par Antoine Sastre. Tous deux se livrent à une partie de ping-pong, tantôt échangeant souvenirs et anecdotes, tantôt lui racontant ses retours au foyer, ses passages en gare, tantôt elle se remémorant ses passages à l’hôpital, ses angoisses, ses interrogations, ses espoirs, ses doutes… De l’énergie à revendre chez ces deux-là, on aimerait cependant une meilleure diction.
Trois panneaux en fond de plateau recueillant de magnifiques jeux de lumière font de ce spectacle, une réflexion forte sur la maladie qui peut briser deux êtres qui s’aiment. Un joli retour au théâtre réservé aux professionnels après 6 mois derrière son écran.
Extraits :
« Le l’ai découvert en me regardant dans la glace. Un jour je suis restée devant le miroir au moins dix ou vingt minutes à me scruter. Les yeux dans les yeux. Parce qu’il y avait dedans quelque chose que je ne connaissais pas. Un truc étranger. Mes yeux savaient quelque chose que je ne savais pas et leur reflet dans le miroir me le disait. Un truc profondément triste. »
« … et là tout à coup on dit mon nom à tout le monde et c’est une urgence et mon nom fracasse les salles d’attente, double tout le monde et entre de force, mon nom crie et résonne comme une alarme, mon nom s’installe sur la table d’examen, se déshabille et hurle enlevez-moi tout scrutez-moi sauvez-moi »
« Je pense moi que les scénarios catastrophe censés se produire dans des millions d’années pourraient tout à fait avoir lieu demain… »
Editions Théâtrales - 10 €
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