samedi 24 octobre 2020

La musique adoucit les moeurs !

Nouvelle création de Séverine Chavrier, Directrice du CDN d’Orléans, avec « Aria Da Capo », créé au Théâtre National de Strasbourg fin septembre.

D’abord le titre, l’aria da capo est une figure musicale très en vogue au XVIIème siècle.

La pièce met en scène quatre adolescents, de 13 à 16 ans nous dit-on, élèves ou anciens élèves, je ne sais pas trop, du Conservatoire de Musique d’Orléans. Ils nous font part de leur vie d’ados, baignés dans la musique classique ou contemporaine, leurs premiers émois sexuels, au sein d’un spectacle où se mêlent la vidéo, la musique et ce qu’il faut bien appeler le bavardage.

Sur scène, deux cellules familiales vitrées représentant les lieux où ils dorment, jouent de la musique, échangent des propos parfois véhéments, ou plaisantent : ce sont des ados et leurs propos sont ceux d’ados. Au-dessus un écran géant, d’autres écrans parsèment les cellules. On se filme à l’aide de téléphones portables, visages projetés sur les écrans, et on joue, piano, violon, basson, trombone, on chante aussi…

Esthétiquement, c’est magnifique, musicalement c’est un régal notamment le dernier air avant le baisser de rideau (marche funèbre de la 1ère symphonie de Mahler, c'est ici), théâtralement c’est une parfaite réussite avec quatre jeunes qui semblent pouvoir passer du jeu musical au jeu scénique sans hésitation La metteuse en scène et Directrice du CDN a réalisé un sacré bon travail. On a le sentiment qu’on a affaire à des adultes, beaux comme des dieux, rompus à l’art du spectacle vivant ; puis quand ils viennent saluer, on se rend compte que non, ils sont encore ados, même si ce sont des ados bien dans leur tête, sans doute d’un milieu familial où la culture est omniprésente.

Ceci dit, on aurait pu s’attendre à des propos plus politiques, quelques réflexions sur l’avenir de la planète, car c’est leur avenir qui est en jeu, mais non ! On évoque à la fin le confinement, mais c’est tout hors de la musique. Ils préfèreront nous citer des tas de noms de musiciens en jouant au baccalauréat ou ironiser sur les classiques. C’est dommage ! A cet âge, on aurait pu penser entendre quelque chose d’autre. Mais bon, ce n’était pas le sujet !

Et puis, à l’heure où nous autres spectateurs sommes masqués, eux viennent aussi sur scène avec masques blancs les représentant en vieux artistes, les années ayant passé, un peu aigris, plus capables du moindre concerto. Est-ce ainsi que les hommes vieillissent ?

On se laisse bercer par ce théâtre musical filmé, où la jeunesse nous montre que l’avenir n’est pas si sombre, que l’espoir d’un monde meilleur est possible, bien loin de ceux pour qui la haine et la violence sont la seule raison de vivre.
La musique adoucit les moeurs, dit-on ! 

1 commentaire:

  1. Très beau spectacle, avec quatre interprètes épatants. Adèle assure “aux côtés” des trois garçons.

    J’ai un peu loupé le premier quart d’heure que j’aimerais revoir, mais, au théâtre, on ne rembobine pas.

    Vrai qu’il n’y a pas d’allusions, même furtives, au monde tel qu’il ne va pas. Manifestement, ce n’était pas le sujet. La pièce donne à connaitre ses quatre adolescents-là qui sont complètement eux-mêmes – quatre individualités comme on n‘en rencontre pas tous les jours, choisies pour cette raison - et non des adolescents lambda. Si madame Chavrier les avait orientés – ce qu’elle ne souhaitait, à coup sûr, pas faire – vers des échanges à coloration sociétale, nous aurions assez vraisemblablement entendu quelques banalités recuites qui auraient affaibli la cohérence du projet.

    Pièce qui parle de l’adolescence, bien sûr, d’une certaine adolescence en tout cas, mais aussi et, peut-être d’abord (à tout le moins tout autant) pièce sur la musique.

    Impression en sortant : comme une douce tristesse ...

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