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dimanche 20 septembre 2020
Dreyfus par le Krizo et ses masques (mais pas les nôtres)
Le théâtre vient de reprendre ses droits chez nos amis de Clin d’œil à Saint Jean de Braye, avec la présentation au public, au sortir d’une résidence, du spectacle « J’accuze » créé par le Krizo théâtre, dont j’ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de cette petite compagnie qui parfois, en parcourant le monde, du Chili à l’Iran, ramène des Prix décernés par un jury local.
« J’accuze » avec un Z comme Zola, ou Zorro ou Krizo ( ?), c’est évidemment l’Affaire Dreyfus, dont veulent nous parler Christophe Thébault, le metteur en scène, et Aimée Leballeur, aussi bonne en tant que comédienne que lorsqu’elle nous enchante de sa voix harmonieuse lors de concerts trop rares malheureusement.
Ils sont deux, elle vend l’Aurore qui annonce le décès de Zola, peut-être bien assassiné. Alors, il et elle vont nous raconter l’Affaire en incarnant de multiples personnages, avec masques (ceux du théâtre bien sûr, pas les nôtres) et costumes, le colonel Picquard, son supérieur, le supérieur du supérieur, le Président de la République d’alors, Casimir Périer et son successeur Félix Faure, le juge un peu anglo-saxon avec sa perruque, le journaliste tel un corbeau plus vrai que nature. Dreyfus, c’est d’abord un mannequin qu’on démembre… Et puis la bête immonde, mais vraiment immonde, qui annonce les chambres à gaz. Car le Krizo parsème ses 50 minutes de clins d’œil (jeu de mots), on évoque les retraites, pas par hasard, souvenons-nous des manifs d’avant Covid que l’on cite d’ailleurs, la Résistance et ses messages de Radio Londres, « les sanglots longs des violons de l’automne »… Quant à celui qui veut brûler Germinal, on n’a que l’embarras du choix pour tracer un parallèle, historique ils furent nombreux, ou actuel, suivez mon regard !
Il y a toujours de l’humour avec le duo Thébault/Leballeur, deux artistes rompus au théâtre masqué avec leurs yeux qui roulent, leurs mimiques, leurs voix changeantes au gré des personnages. Certes, on peut questionner sur le choix du metteur en scène de traiter l’Affaire par la Commedia dell’arte. Choix de l’humour assumé, et ça fonctionne on le sait depuis « « la Vie est belle » de Benigni.
Bon, l’Affaire Dreyfus, on connaît ! Quoiqu’il soit toujours bon de nous en rappeler les différentes dates pour une Affaire qui dura néanmoins 12 années. Mais ce spectacle est destiné aux jeunes dans les écoles et collèges, excellent outil pédagogique que les professeurs d’histoire devraient solliciter. On regrettera qu’il soit si peu fait mention des évènements orléanais, la ville ayant été le théâtre de monstrueux déferlements antisémites qu’il est de bon ton en haut lieu de taire. Mais manifestement, le spectacle est en évolution et il est fort probable que le duo Leballeur/Thébault y fasse référence lors des prochaines représentations.
Les spectateurs présents ont été conquis, les applaudissements furent chaleureux, il y avait tellement longtemps que le spectacle vivant avait disparu pour la plupart d’entre nous. Et je ne vous dis rien sur la dernière image d’une grande beauté, mais aussi d’une profondeur politique, métaphorant les horreurs du siècle dernier.
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Un très très grand merci pour ce beau et fort retour. Merci Bernard Thinat.
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