« Bérénice » de Racine, pièce en alexandrins écrite en 1670, est un peu particulière, à part dans le répertoire tragique du 17ème siècle, en ce sens qu’elle est exempte de meurtres ou de morts violentes. Il s’agit simplement d’une histoire d’amour en trio, deux hommes partageant leur flamme pour Bérénice..
Comme on dit, Titus aime Bérénice et Bérénice aime Titus. Le premier, auréolé de victoires militaires en Palestine, est le fils de l’empereur Vespasien, la seconde est une reine de Judée, donc juive. A la mort de Vespasien, Titus, s’il veut monter sur le trône, doit renoncer à Bérénice, le Sénat refusant qu’une étrangère entre dans la lignée impériale. On sait que de tels relents nauséabonds existent encore un peu partout dans le monde. Le troisième personnage de la pièce est Antiochus, roi de Comagène en Turquie, lequel est aussi fou amoureux de Bérénice. Au final, le trio se sépare et chacun retourne dans son royaume. Voilà pour l’histoire de la pièce de Racine. Comme on le voit, rien de tragique là-dedans !
Gaëtan Vassart de la Compagnie de la Ronde de Nuit, a choisi de mettre en scène « Bérénice ». La pièce a été créée en mars 2019 au CDN d’Ivry/Val de Marne, avec Valérie Dréville dans le rôle titre. Aujourd’hui, la distribution a été changée pour moitié, Magaly Godenaire reprenant le rôle de Bérénice. La mise en scène de Gaëtan Vassart est on ne peut plus simpliste, minimaliste, avec un tapis rouge au centre et des bancs sur trois côtés.
J’accepte tout à fait un tel choix. Encore faut-il des acteurs/actrices capables de nous faire aimer le texte de Racine, qu’il nous éblouisse, qu’il nous enveloppe, ce qui n’est manifestement pas le cas, et c’est bien regrettable. Certes, Stanislas Stanic dans le rôle d’Antiochus est celui qui s’en sort le mieux. Magaly Godenaire en Bérénice, après un début très timide, a par la suite repris une belle assurance, et s’en est bien sorti, faisant jaillir toutes les émotions qui traversent la Reine de Judée. Malheureusement, nous avons eu droit à un Titus tout à fait transparent, et deux personnages secondaires pas mieux lotis. Tout cela est bien dommage. Quand on veut monter une pièce de Racine, il faut en avoir les moyens, et s’entourer de comédiens à la hauteur. Peut-être le spectacle présenté dans une petite enceinte aurait eu meilleur effet.
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