Nouvelle œuvre cinématographique de Ken Loach, présent à Cannes en compétition officielle, même si « Sorry we Missed you » n’a pas été retenu par le Jury. Le cinéaste militant britannique continue à dénoncer les travers de la société libérale, ici l’auto-entrepreneuriat, sorte de miroir aux alouettes qu’on appelle aussi ubérisation, du nom de la firme US, inventeur du système.
Ken Loach nous décrit avec minutie, la lente descente aux enfers d’une famille. Il y a la mère qui visite des personnes âges et le plus souvent impotentes, à domicile, avec tous les aléas que la situation comporte ; il y a un grand ado qui au lieu d’aller en cours au lycée, tague les murs avec ses copains à la bombe ; il y a aussi la jeune adolescente, parfaitement équilibrée, mais qui assiste avec effroi à la décomposition de sa famille ; enfin, il y a le père, qui après maints boulots, décide de devenir livreur pour une grosse entreprise de transport de petit colis, une plate-forme on dit aussi..
A première vue, il va être son patron, et gagnera de l’argent. Mais, outre qu’il a choisi d’acheter un camion en obligeant son épouse à vendre la voiture, elle ira en bus, les heures de travail s’enchaînent, les clients ne sont pas tous sympas, les insultes peuvent pleuvoir, les agressions aussi, et les amendes appliquées par le patron de la boîte de transport avec. Comme à son habitude, il n’y a pas de fin, car la vie continue, dure, insupportable. Mais c’est dans la tragédie que la famille se reconstituera.
D’un point de vue cinématographique, l’œuvre de Ken Loach est à la fois un documentaire et une fiction. Mais il semble bien mieux ficelé que son précédent film, « Moi, Daniel Blake », pourtant Palme d’or en 2016, qui souffrait de trop de misérabilisme. La caméra suit cette famille, ou plutôt elle s’insinue en son sein, sorte de 5ème personnage invisible qui étudie de très près les 4 autres, quatre acteurs/actrices tous remarquables, notamment les deux ados dirigés magnifiquement par Loach. On se prend une sacrée claque à la sortie de la salle, on se demande où va le monde.
Il n’y a pas de fin, ai-je dit. A chacun d’en imaginer une. Pas impossible que le père commette l’irréparable, car dans ce milieu, il n’y a pas ou si peu d’entraide, de solidarité, encore moins de syndicat, c’est chacun pour soi. Prenons garde que ce système importé des USA ne se développe dans tous les domaines de la société. Ce serait alors une tragédie sociale.
Effectivement Ken Loach nous entraîne dans la spirale infernale qu'une famille va vivre en espérant des jours meilleurs par le travail.
RépondreSupprimerLe père ne trouvant pas d'emploi, se met à son compte. Il croit en sa réussite et celle des siens, mettant toutes les chances de son côté au dépens de sa femme.
Il va livrer des colis achetés sur le net distribués par une plateforme…
Le couple se croise, les parents aperçoivent leurs enfants. Lorsqu'on ne se voit plus, il n'y a plus de partage. Dérapage assuré des ados.Le couple vacille.. Le père est poussé à bout par la fatigue d'un travail digne de l'esclavage moderne faisant surgir la violence, à la maison, au travail…
Ken Loach nous pousse à envisager la valeur du travail dans le contexte mondial d'ubérisation qui brise les "salariés-entrepreneurs" et leurs familles, la société. Car la fiction est bien réelle et ressemble à trop de familles acculées ne pouvoir envisager d'autres solutions.
Jusqu'où irons-nous dans cette direction?
P.S : Les jeunes acteurs sont excellents en effet.