mardi 6 août 2019

Quand un polar devient un conte

Suite de la rétrospective Jim Jarmusch avec « Down by law » que l’on traduit par « Sous le coup de la loi », sorti en 1986, avec l’impayable Roberto Benigni.

Deux hommes, Jack et Zack, petits loubards de quartier, sont victimes de coups tordus et se retrouvent dans la même cellule. Arrive un troisième larron, Roberto, lequel a repéré comment on s’évade de la prison située non loin des marais du Mississipi. Evadés, ils terminent leur périple à travers bois, et marécages, dans un restaurant perdu au bout du monde et tenu par une émigrée italienne dont Roberto tombe aussitôt amoureux. Quant à Jack et Zack, ils partent et se séparent sur une bifurcation, l’un partant vers l’Est, l’autre vers l’Ouest.

Le film de Jarmusch débute comme un polar et se termine comme un conte. Dans un prologue, avant le générique de début comme ils existaient naguère, de longs travellings nous présentent la ville, vieillie précocement, ainsi que deux couples et une scène de ménage chez l’un d’eux, où la jeune femme se fait câline entre deux crises d’hystérie. Du grand cinéma déjà !

On ne compte plus les scènes cultes dans ce seul long métrage : dans la cellule de la prison et ce qui se termine par une danse à trois, ou bien en pleine forêt avec la cuisson du lapin, la danse entre Roberto et sa copine, et j’en passe.

Jack et Zack, ce sont Tom Waits qui retrouvera Jarmusch dans son dernier film à Cannes cette année, « The Dead don’t die », et John Lurie, déjà dans « Stranger than paradise », vu la semaine dernière, et auquel on doit cette formidable musique qui vous entraîne dans cette sarabande de trois pieds nickelés. Enfin, et c’est ce qui fait toute la saveur de « Down by law », c’est l’omniprésence de Roberto Benigni, plus clown que jamais, avec sa chevelure toute personnelle, que l’on avait découverts (je parle de Benigni, mais aussi de la chevelure) lors de Cannes 1998 avec « la Vie est belle », couronnée par son « cirque » lors du palmarès devant le grand Scorcese. On s’en souvient, du grand art !

Le Noir et Blanc donne une atmosphère de polar, avec des jeux de lumière magnifiques notamment en forêt ou dans les marais. Il est vrai que le film est restauré, ce qui lui donne un aspect tout neuf. Allez, vite au prochain Jarmusch !

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