Denys Arcand, cinéaste québécois, a été honoré par le Festival de Cannes entre 1986 et 2003 : un Prix Fipresci, un Prix du Jury, un Prix du scénario, respectivement pour « le Déclin de l’Empire américain », « Jésus de Montréal » et « les Invasions barbares », lesquelles invasions lui ont valu un Oscar du meilleur film étranger. Si depuis sa production n’a pas été autant reconnue, son dernier long métrage mérite grandement le détour, avec « la Chute de l’Empire américain ».
Ici, il part d’un polar, à savoir l’histoire d’un braquage qui tourne mal, deux flics qui enquêtent, pour dériver sur une dénonciation et condamnation du capitalisme financier mondial, lequel permet aux plus riches de remplir des comptes en banque dans des pays peu regardants, et sans payer d’impôts.
Donc, soit un braquage, deux morts, un troisième blessé en fuite, et deux sacs bourrés de billets de banque abandonnés sur le parking, dont s’empare un chauffeur livreur, par ailleurs docteur en philosophie. Oui, ça existe, la preuve ! Notre chauffeur ne sait quoi en faire, ou du moins, sait qu’il ne rendra pas le fric. A l’aide d’une call-gril rencontrée sur le web, d’un type tout droit sorti de prison et expert en fiances véreuses, et d’un avocat non moins véreux, tous quatre vont mettre le magot à l’abri dans des paradis fiscaux.
Arcand explique minutieusement le trajet que va prendre le fric afin de ne laisser nulle trace, la police trop occupée à surveiller une manif et arrivant trop tard, le fric n’étant pas la priorité des chefs de la police. On s’en serait douté. Et comme notre héros est docteur en philo, Arcand parsème son film de citations, qui de Racine, qui d’écrivains latins ou grecs.
Tout cela est fait avec humour, bien sûr on ne croit pas à la parabole d’Arcand, et pourtant c’est comme cela que les circuits financiers fonctionnent. Alexandre Landry dans le rôle du Livreur/Docteur en philo/Millionnaire (triptyque improbable) est excellent en type un peu paumé. Et la morale est sauve, le plus pourri des quatre finira en prison !
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