Evènement dans le IN : le dramaturge suisse Milau Rau, Directeur depuis peu du théâtre de Gand en Belgique, présente « la Reprise – Histoire(s) du théâtre (1) », au gymnase du lycée Aubanel.
Milau Rau est un cas à part : refusant la mise en scène des classiques dont il ne voit nul intérêt, comme dans ces adaptations de romans, pourtant très en vogue aujourd’hui, il travaille sur les faits réels qu’il nous envoie au visage comme une gifle. Ayant vu cette saison au CDN d’Orléans l’affaire Dutroux (Five easy peaces), je savais à quoi m’en tenir. Les ingrédients se ressemblent : on pratique le casting sur scène (Milau Rau inclut toujours quelques amateurs parmi sa troupe, quand ce n’est pas la quasi-totalité comme pour Dutroux) ; on filme en direct sur le plateau et on projette sur grand écran, parfois en différé ou en décalé ; la pièce se subdivise en 5 actes ; on utilise plusieurs langues sur scène avec sous titrages. Ces règles, Milau Rau les a listées au nombre de 10 dans le Manifeste de Gand. Enfin, un fait divers, du moins c’est comme cela qu’on les appelle, ou bien un fait politique, voire une guerre, servent de fil conducteur. C’est forcément dur pour le public d’être confronté à la réalité crue sur scène, mais c’est profondément salutaire. Ici, c’est l’assassinat d’un jeune homosexuel en Belgique qui sert de trame, meurtre qu’on voit là sous nos yeux, sans que nous puissions intervenir, dans toute sa cruauté tragique.
J’avoue avoir été légèrement déçu par « la Reprise », sans doute encore sous le choc de l’affaire Dutroux où les enfants étaient les acteurs sur scène. Dans ce cas, la pièce ou les cinq, comme on veut, a représenté pour moi le sommet de l’art dramatique. Ici, on ne pouvait sincèrement pas se hisser à un tel sommet. Mais « la Reprise » est néanmoins un spectacle qui vous remue. Un tonnerre d’applaudissement a salué fort justement les acteurs.
PS : On ne peut éviter le faire le lien entre Thyeste et la Reprise. Ces deux pièces qui parlent des horreurs de l’espèce humaine, l’une il y a quelques milliers d’années, l’autre aujourd’hui, se rejoignent dans un face à face étrange, l’une répondant à l’autre, et interrogeant le public sur la barbarie humaine, laquelle subsiste sans faiblir malgré les siècles. Mais les causes sont fondamentalement toujours les mêmes.
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