Les premières heures à Avignon ne sont pas faciles à vivre… Peut-on se gaver de spectacles culturels quand tant de familles pleurent leurs morts et leurs blessés du côté de Nice ? A cela, le festival répond :
« Dans cette journée de deuil, nous réaffirmons qu’un spectateur est une femme, un homme, un enfant engagé, sa seule présence fait mentir les ténèbres.
Être ensemble aujourd’hui est notre force. C’est un geste de résistance.
Horatio dit à Hamlet « suspend ta douleur pour dire mon histoire ».
Nous n’allons ni suspendre ni nier notre douleur, mais la dire sans interrompre la vie et notre solidarité avec les victimes.
Nous allons dire encore l’histoire commune, la commune présence et l’espoir que nous nous donnons les uns aux autres.
Face à ceux qui veulent imposer le silence, nous vous proposons non pas de faire une minute de silence, mais d’applaudir ensemble les forces de vie. »
Premier spectacle de danse au Théâtre Golovine, du nom de celui qui, danseur étoile au ballet du Marquis de Cuevas, fonda ce théâtre en Avignon en 1974 : « S/t/r/a/t/e/s Quartet » de Bintou Dembélé. Danseuse et chorégraphe, avec sa compagnie « Rualité », elle « développe la relation du corps à son histoire tout en créant une danse sensible aux sources de sa culture d’adoption, le hip hop. »
Sur scène, un grand cercle autour duquel viennent se positionner, à droite la chanteuse Charlène Andjembé, à la voix magnifique, et à gauche, Charles Amblard qui, à la guitare électrique, produit des sonorités très profondes. Au centre, Bintou Dembélé et Anne-Marie Van dite Nach, danseuses, interprètent, en solo d’abord, des variations tirées du krump mâtinées de hip hop. Toutes deux jouent en complicité avec la sono, laquelle leur renvoie leur danse en écho. On sent que le cercle les tient prisonnières, leur quête de liberté, d’aspiration à l’inaccessible, s’avérant vaine. Mouvements rapides du corps, des jambes surtout, les bras tournoyant, les pieds frappant le sol, tout crée de magnifiques chorégraphies.
La salle, pleine, applaudit chaleureusement. C’est beau, puissant, et cela donne l’espoir. Ce soir, les Damnés dans la Cour d’Honneur. Mais c’est une autre histoire…
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