Une princesse décevante

La Princesse de Clèves, de Madame de la Fayette, était donnée, samedi, en version intégrale, à la Maison de la Culture de Bourges ou plutôt à l’auditorium, structure récente aux formes contemporaines. La salle possède deux entrées, côté cour et côté jardin, c’est écrit.

La durée annoncée étant de 8 heures, en déduisant les entractes, on parvenait néanmoins à la bagatelle d’un spectacle de 6 heures 30. Il est toujours intéressant de s’engager dans des marathons théâtraux : même sans prétendre rivaliser avec le Henry VI de Thomas Jolly qui durait 18 heures à Avignon, il s’agit d’une sacrée performance d’acteurs.

Disons-le de suite : j’ai mis les voiles après une heure et demie ! En fait, on a 5 actrices sur scène qui récitent le texte appris par cœur. La mise en scène, si on peut utiliser le terme, est des plus scolaires, sinon absente. Que dire par exemple, d’un chariot de tapis de judo sur lequel on installe trois chaises avec trois actrices qui continuent leur récitation, et les deux autres, une à chaque extrémité, qui font virevolter le chariot sur la scène ? Ajoutons à cela, une actrice tenant le rôle de Madame de Chartres, ayant de temps en temps recours au livre à la main, vous aurez un aperçu de la catastrophe. Car c’en est manifestement une.

L’histoire est assez simple (pour ceux qui n’ont pas lu le roman, et j’en suis) : une jeune fille, assurément belle, se marie avec le Prince de Clèves qu’elle n’aime pas. Elle tombe ensuite follement amoureuse du Duc de Nemours. Le spectateur est d’emblée noyé sous les Madame de…, les Ducs machin, et ainsi de suite, et on n’en sort pas indemne. Certes, le texte est beau, encore faudrait-il articuler et parler fort afin que la richesse de l’écriture parvienne au spectateur.

On ne connaissait pas Magali Montoya. Actrice, elle tient la route, il en eut fallu 5 comme elle. Mais quand on se lance dans la mise en scène, mieux vaut ne pas tester l’épreuve au long cours, sinon on se noie !