mardi 27 octobre 2015

Quand la vie amoureuse ressemble à un électrocardiogramme

J’attendais avec grand intérêt, Mon Roi, de Maïwenn, présenté en compétition officielle à Cannes, et film pour lequel Emmanuelle Bercot a obtenu le Prix d’interprétation féminine. Je l’attendais avec appréhension, d’autant que les critiques avaient été loin d’être dithyrambiques.

Tony, jeune femme avocate, se retrouve, à la suite d’une chute à ski, dans un centre de rééducation, le genou dans un sale état. Une Psy joue sur les mots, avec « je-nous », laissant entendre que la chute aurait bien pu être provoquée par un état psychologique défaillant.

Autour d’elle, gravitent un groupe de jeunes, provenant de ce qu’on appelle une cité, avec lesquels, à leur grand étonnement, elle va tisser des liens d’amitié alors que leur origine sociale diffère totalement. Mais surtout, elle va se remémorer, lors de très nombreux flash-back, les dix dernières années de sa vie sentimentale et sexuelle, entièrement occupée par un amour fou avec son mec, rencontré dans une boîte.

Son mec, c’est Georgio de son prénom, expert en baratin, amuseur public, aimant le luxe, les femmes et le fric, alcool et drogue au menu. Ces dix années verront se succéder mariage, divorce, réconciliations, nouvelles séparations, naissance d’un enfant, dépression, tentative de suicide, amour total suivi de colères ponctuées de cris et pleurs, Georgio étant un être qui ne partage rien (la façon qu’il a d’imposer à son épouse le prénom de leur enfant est hallucinante, ou encore le refus d’imaginer que son fils puisse rencontrer le nouvel amoureux de Tony, c’est du jamais vu !).

Emmanuelle Bercot dans le rôle de Tony est tout à fait remarquable : rôle exceptionnel que lui a confié Maïwenn et dont elle s’acquitte à la perfection. Je dois reconnaître que son Prix n’est pas immérité, comme je le craignais. Vincent Cassel est tout aussi excellent : sans doute en fait-il un peu trop, mais son personnage de type exécrable exigeait de lui, une totale absence de retenue.

Les deux acteurs sont remarquablement filmés, comme tout le reste d’ailleurs; il faut noter les fantastiques regards que lance Bercot à son mec, toujours pris sous le meilleur angle, c’est du grand art ! Alors d’où vient ce sentiment mitigé à la fin ? En fait, de ce film ne se dégage aucune émotion qui pourrait toucher le spectateur. Toute création artistique, qu’elle soit cinématographique, chorégraphique, picturale, littéraire et j’en passe, se doit de dégager une émotion ressentie par le lecteur ou le spectateur. Ici, il n’y a rien, on ne ressent rien, on passe deux heures agréables sans aucun ennui, c’est très bien fait, on se régale, mais c’est tout. Cela paraît superficiel et sans profondeur : dommage !

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