Youth, du réalisateur italien Paolo Sorrentino, est un bel objet cinématographique, quelque chose de parfaitement délicieux, ancré dans la vie, et qui nous change des mièvreries habituelles, soit cataloguées comédies dramatiques, ce qui ne veut strictement rien dire, soit films d’action, tous étant la copie du précédent.
Le cinéma de Sorrentino, du moins dans Youth, se décline en petites scènes, parfois de moins d’une minute, sans lien obligatoire avec ce qui précède ou ce qui suit. Quant aux rêves des uns ou des autres, ils s’intercalent dans le récit, fort joliment, telle la scène où le cinéaste, dans la nature alpine, semble apercevoir toutes les femmes qu’il a fait tourner dans ses films.
Nous sommes dans un très chic hôtel des Alpes suisses, piscines, massages sont au programme quotidien des pensionnaires. Parmi eux, deux octogénaires, l’un ancien chef d’orchestre, l’autre réalisateur de cinéma, amis de très longue date. On trouve aussi la fille du musicien, et une troupe d’acteurs chargés d’écrire en commun le scénario du prochain film du cinéaste. Il y a encore Maradona, obèse à souhait, et qui de son pied gauche, jongle toujours aussi bien avec une balle de tennis cette fois-ci, une miss univers attirant évidemment les regards et pas dénuée d’esprit, un couple qui ne parle pas, un bonze qui lévite, sans oublier le personnel de l’hôtel… et j’en oublie forcément, telle l’actrice fétiche du cinéaste qui déboule dans l’hôtel sous les traits de Jane Fonda.
Donc, nos deux octogénaires rivalisent d’humour, de bons mots (chapeau au dialoguiste !), et peu à peu, le ton se fait plus grave, le discours fait appel à l’émotion, car « les émotions, c’est tout ce que nous avons », dit l’un d’eux, il devient quasi philosophique. Finalement, Sorrentino s’est bien amusé en titrant son film, car le thème de son œuvre est indéniablement la vieillesse, surtout quand nos deux héros se remémorent leur vie qui s’achèvera bientôt.
Les images des Alpes sont superbes, les visages cadrés au plus près d’une très grande expressivité, les lumières et la musique admirables.
Encore un film qui était en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, et qui n’a rien obtenu. Décidément, les Italiens étaient les mal aimés du jury des frères Coen.
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