samedi 15 août 2015

La tension monte sous la canicule

Coup de chaud, du réalisateur Raphaël Jacoulot, est une belle étude sociologique d’un village, l’été, écrasé par la canicule, film tourné dans le Lot-et-Garonne, mais ça pourrait être ailleurs en France. Quoique, ce qui écrase le village, ce n’est pas tant la chaleur, mais aussi un château d’eau, très sombre sous sa masse inquiétante que Jacoulot se complaît à caler dans le paysage, et surtout le vivre ensemble en pleine déliquescence devant un danger qui n’en est pas un, mais que chacun redoute de voir s’abattre sur la communauté villageoise.

Les acteurs, très bien dirigés, qu’ils soient professionnels ou de simples amateurs de la région pour certains, sont d’une très grande justesse, tous sur le haut niveau, y compris les ados friqués ou non ainsi que la famille Rom.

Il y a d’abord Josef, la vingtaine, fils d’une famille de ferrailleurs Rom, sédentarisée dans le village, un peu simplet, sans travail, sans règles de vie, en mal de sexualité, devenant la tête de turc du village. Karim Leklou dans le rôle, fait preuve d’une grande maturité, rôdant à loisir au volant de sa petite voiture bleue, le son poussé à fond, alternant le côté jovial, et capable d’exploser pour le pire, à tout moment.

Daniel, le Maire, vétérinaire, incarné par Jean-Pierre Darroussin, lequel a dû apprendre à manier la seringue, prônant le rassemblement des villageois lors d’un discours un 14 juillet, écrasé lui aussi par les charges de sa fonction, finalement le seul duquel on ne peut rien reprocher.

Rodolphe (Grégory Gatebois), menuisier, qui vient d’installer sa petite entreprise dans le village, avec femme et enfant (petite fille adorable), trop bon avec tout le monde au point de réviser vers le bas les prix de la main d’œuvre, de ne pas réclamer les factures non payées, et de ne pas avouer à son épouse qu’il n’y a plus de boulot. Le seul finalement à accueillir Josef avec sympathie, lui offrant des jouets pour un enfant à naître.

Diane (Carole Franck), agricultrice, quelques vaches, un champ de maïs, une toute petite ferme quoi, en butte avec un gros fermier qui veut lui acheter ses terres, lequel confisque l’eau à tel point que le maïs de Diane est sec et ne donnera rien. Finalement, la plus agressive vis-à-vis de Josef, car lorsqu’on se retrouve accablé par plus fort que soi, il est facile de s’en prendre à plus faible, surtout s’il est Rom.

Les bêtises et délits vrais ou attribués à Josef vont exaspérer le village jusqu’à son point de non retour, que le spectateur connaît depuis de début, à savoir le meurtre de Josef, une nuit, sous un violent orage. L’enquête des gendarmes sera rapide.

A noter que le titre fonctionne selon plusieurs lectures : d’abord en raison de la canicule, mais pas que… Du très bon cinéma français, qui nous parle de la France profonde, de ses villages, et du vivre ensemble, bien difficile malgré les suppliques de son Maire.

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