Partage de midi

Hier, l’ATAO présentait « Partage de Midi », de Paul Claudel au Carré St-Vincent.
La pièce, terminée en 1949, comprend quatre personnages : Ysé, seule femme, De Ciz son mari, Amalric et Mesa, ses deux amants. Le 1er acte se déroule sur un bateau en partance pour la Chine, les deux suivants quelque part en Orient.
Après la mort de son mari, Ysé hésite entre les deux hommes : Amalric, sans principes, sans morale, et Mesa, catholique, qui aime profondément Ysé de laquelle il a eu un enfant qu’il ne connaîtra jamais.
La fin est sublime : Mesa s’adresse à Dieu dans un long monologue, et Ysé revenue, se dirigent tous deux vers la mort et l’au-delà. (On sait que Claudel était un fervent catholique, ayant, d’après lui, rencontré Dieu derrière un pilier de la cathédrale Notre-Dame de Paris).

La mise en scène de Sterren Guirriec a été créée lors de sa sortie du Conservatoire de Paris en 2012. Elle est sobre tout en étant d’une rare efficacité. On sent derrière sa mise en scène, la patte de Daniel Mesguich duquel elle a suivi les cours du Conservatoire.

Baptiste Chabauty, dans le rôle de Ciz le mari, n’est pas le plus flamboyant : le rôle ne s’y prête pas. Cependant, il a su intelligemment laisser les deux amants tenir les premiers rôles sur la scène.
Pierre Giaferi, en Amalric, est excellent. Il bouscule tout sur son passage, s’impose sur scène comme le battant, à qui rien ne résiste (ni Ysé, ni Mesa).
Matthieu Dessertine, en Mesa, est éblouissant. Tout en retenue, intériorisant son personnage, il est grandiose dans la dernière scène lorsqu’il s’adresse à Dieu. Le reproche qu’on peut lui faire, c’est que sa voix ne porte pas au fond de la salle lorsqu’il la positionne dans le bas de l’intonation.
Enfin, Sterren Guirriec, en Ysé, est magnifique. Elle sait alterner une Ysé tantôt douce, aguicheuse, féroce, anéantie, repentante. Une très grande actrice en devenir !