Coeurs affamés

Hungry hearts, du réalisateur italien Saverio Costanzo, est un film particulièrement angoissant, mais superbe.
Le film débute par un truc hilarant : un homme et une femme, que rien ne prédestinait à se rencontrer, si ce n’est leur maigreur et leur dégoût de la viande, se retrouvent enfermés dans les toilettes d’un restaurant, les portes ayant une fâcheuse tendance à se bloquer.
Quelque temps plus tard, nous les retrouvons enlacés sur un lit, Mina, la femme, tentant sans succès d’éviter l’éjaculation de Jude, son compagnon, dans son vagin. Sans doute, redoute-t-elle, inconsciemment, ce qui va suivre.
Et ce qui suit est évidemment une grossesse ! on s’en serait douté. Nos deux amoureux habitent un appartement au-dessus duquel ils entretiennent une serre en bons écolos.
Tout irait bien si Mina n’était sujette à des cauchemars, n’était persuadée d’enfanter un indigo, refusait une échographie, mangeait à peine… Ayant accouchée et persuadée que tout aliment est un poison, elle ne mange plus guère, devient anorexique et décide d’infliger à son fils le même traitement. Le conflit avec son compagnon et sa belle-mère est inévitable.

Après donc un préambule comique, l’angoisse va aller crescendo jusqu’au drame final, car il ne saurait y avoir de solution autre que dramatique. C’est très bien filmé, les visages en gros plans nombreux, surtout ceux de Mina que le réalisateur scrute en permanence. Ce sont des visages à la fois terrifiants, mais aussi horrifiés, parfois venimeux, tantôt d’une monumentale tristesse, et d’une douceur infinie pour son nouveau né.
Il faut noter aussi la position de la caméra qui parfois, en plongée, accentue le caractère anorexique de Mina.

Les deux acteurs principaux, Adam Driver et Alba Rohrwacher, forment un couple exceptionnel à l’écran, et c’est fort justement qu’ils ont obtenu, tous deux, un prix d’interprétation à la Mostra de Venise en 2014.
Tiens, c’était l’anniversaire d’Alba aujourd’hui !